Propos liminaires au nom du groupe Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne au conseil municipal du 29 mars 2024
Nous souhaitons la bienvenue à notre nouvelle collègue, Annamaria Tripicchio Rogier, qui fait suite à la démission d’office de Laurence Arribagé, condamnée pour recel de dénonciation calomnieuse, violation du secret professionnel et prise illégale d’intérêts.
Rappelons que dans la suite de cette démission par décision de justice de notre ancienne collègue, l’ex Maire de St Jory, Thierry Fourcassier, qui avait fini par démissionner de son mandat, a été mis en examen pour corruption, prise illégale d’intérêts, blanchiment et placé en détention provisoire.
Deux élus dont les chefs d’accusation ou de condamnation, bien sûr de gravité différente, nous rappellent la formation déontologie organisée auprès de nous toutes et tous élus, à la demande de l’agence française anticorruption.
Cette formation très enrichissante aurait été bien nécessaire en début de mandat pour tous les élus, dans une logique de prévention en matière de déontologie.
Cette démission de Laurence Arribagé a été suivie de celle, voulue cette fois, de Daniel Rougé de son poste de premier adjoint. C’est l’occasion pour nous de saluer le travail de Daniel Rougé.
A cela vous avez ajouté une valse des maires de quartiers, l’évolution de délégations que vous avez annoncé au dernier moment à certains élus concernés, qui montre un manque de confiance envers vos élus ou un malaise au sein de votre majorité. Cela n’est pas rassurant pour la bonne conduite des politiques de notre ville.
Par ailleurs, nous faisons le constat de l’absence d’anticipation, de vision, et une politique qui n’est que réactive, face aux urgences.
C’est le cas des immeubles en péril :
L’immeuble situé au 4 rue Saint-Rome s’est effondré samedi 09 mars. Sans victime, heureusement.
Nous vous avons écrit, M. le Maire, le lundi 11 mars, à la fois pour questionner sur les évènements qui se sont produits, les actions prises et sur les actions à engager pour garantir la préservation du patrimoine ancien de Toulouse et la sécurité des habitantes et habitants.
Votre réaction (Maire) fut étonnante : choqué des questions de l’opposition, alors que ce qui est choquant, c’est que vous ne les vous soyez pas posées, puis une sur-communication, avec communiqués et points presse, ainsi que la réponse qui a été faite à notre courrier, méprisante et irresponsable, dans tous les sens du terme, qui témoigne là aussi d’un malaise dans la gestion de votre majorité de ce sujet.
Et pour cause, toute votre communication ne vise qu’à dire que la responsabilité incombe aux propriétaires privés, que la Mairie se substitue à eux et leur demandera de payer, ou qu’elle ne peut pas agir en attendant beaucoup d’une future loi, certes utile, mais qui n’empêche pas un Maire d’agir dès aujourd’hui.
Cette tentative de se défausser totalement de toute responsabilité n’est pas à la hauteur de votre fonction voire méconnaît les bases de notre Droit.
Bien sûr que les propriétaires sont les premiers responsables de leur bien et de s’assurer qu’ils le préservent.
Pour autant, du fait de l’impact sur l’espace public de la fragilité d’immeubles, pour des raisons diverses (défaillance des propriétaires, du syndic, difficultés financières…) et en vertu du pouvoir de police du Maire pour l’hygiène, la sécurité publique, la responsabilité du Maire est belle et bien présente.
Par exemple, dans le suivi des immeubles en difficulté = en l’occurrence, l’immeuble du 1-3 rue des Puis Clos, aujourd’hui fragilisé, était déjà identifié par la ville comme l’a indiqué Claire Nison, et ce depuis plus de 3 ans. Mais il n’y a pas eu de suivi vis-à-vis du syndic pour s’assurer que les travaux étaient menés…
Aussi, lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité des personnes, la collectivité ne peut s’en remettre qu’à la bonne volonté d’acteurs privés. Elle doit être proactive dans l’identification, le suivi et l’appui aux réhabilitations.
Vos récentes annonces vont, pour certaines, dans ce sens : création d’une cartographie des immeubles menaçants, renforcement des équipes et formation des agents, création d’un observatoire du bâti toulousain, entrée en vigueur prochaine du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) dont nous reparlerons tout à l’heure.
Pour autant, il ne s’agit là que d’outils permettant d’agir sur des cas bien spécifiques et non pas de traiter le problème dans sa globalité.
Le Maire doit reprendre la main et assumer ses responsabilités en mettant en œuvre une planification ambitieuse pour la rénovation du bâti à l’échelle de la ville.
C’est pourquoi nous formulerons des propositions, qui feront l’objet d’un vœu pour la réhabilitation de l’habitat dégradé, que nous co-portons avec le groupe AMC, qui propose notamment la mise en œuvre d’outils qui permettent d’accompagner y compris financièrement les rénovations ou de contraindre des propriétaires de le faire.
Nous proposerons également un vœu sur le quartier Malepère pour mettre en exergue un exemple concret de projet urbain qui manque d’anticipation avec là aussi des propositions pour cette ZAC.
Votre gestion des crèches est aussi un cas d’école du manque d’anticipation et vision.
Vous avez fait un choix de transfert des crèches du CCAS vers la ville sans nous partager une étude préalable qui expose tous les impacts de ce choix. 18 mois plus tard, nous pouvons déjà affirmer que ce transfert n’est pas de bonne gestion puisqu’il a un coût important pour la ville sans améliorer les conditions d’accueil des petits toulousains, nous y reviendrons.
Et ce choix de transfert entraîne aussi le transfert de la crèche Ste Lucie qui était une crèche hospitalière spécifique puisqu’elle permettait d’accueillir les enfants des personnels de santé, des pompiers, bref de tous ces essentiels que nous avons applaudi pendant le confinement et à qui vous dites aujourd’hui : c’est fini, nous supprimons cet accueil 24h/24, 6 jours sur 7. Une attaque du service public que nous dénonçons. Nous ne pouvons pas abandonner la crèche Ste Lucie.
La prison St Michel enfin, est le témoin de cette absence de vision et d’anticipation.
L’un de vos projets phares de la campagne de 2014 était l’auditorium de la prison St Michel. Vous aviez promis de racheter le site pour cela. Puis vous avez prétendu que le Préfet n’avait pas inscrit le dossier de l’auditorium au Contrat de Plan Etat-Région et vous avez abandonné. Le Préfet a démenti vos propos en indiquant par communiqué de presse que c’était la ville de Toulouse qui avait retiré ce projet de ses priorités. La réalité c’est donc que ce projet d’auditorium à la prison St Michel était une idée en l’air, que vous n’avez pas avancé concrètement sur le contenu du projet, et que vous tentez là aussi de vous déresponsabiliser.
Résultat : ce lieu qui devait être dévolu à la culture ne le sera pas. Les services de la Justice ont légitimement besoin de locaux et tant mieux qu’ils en bénéficient. Mais reconnaissons que d’autres lieux auraient pu être envisagés, et la prison St Michel aurait pu être, par exemple comme nous le proposions, un tiers-lieu pour faire travailler en commun les acteurs de plusieurs disciplines et formes culturelles, scientifiques et techniques, en lien étroit avec les structures voisines (Quai des savoirs, Université) et les associations de quartier pour imaginer la ville de demain.
Mais la culture n’est pas votre priorité. L’abandon de l’auditorium ne fait que s’ajouter à d’autres promesses que vous avez oubliées (l’espace d’exposition à la Grave, le grand musée de l’histoire de Toulouse à l’hôtel de Lestang, la candidature à l’UNESCO…). Quant aux lieux culturels existants, quand vous ne les abandonnez pas (Mix Art Myrys, le pavillon Mazar), vous n’anticipez pas les travaux à réaliser pour les laisser ouverts comme c’est le cas du musée Georges Labit, fermé jusqu’à nouvel ordre, après 2026, par absence d’investissement programmé.
Au bout de 10 ans, le constat, ce sont des politiques de la réaction plutôt que de l’anticipation et une équipe rétrécie autour d’un homme.