Cela fait plus d’un mois maintenant que la grève continue en Guadeloupe et dans les départements d’outre mer.
Enlisement des discussions, allées et venues d’Yves Jego, silence assourdissant et inhabituel du Président de la République, le gouvernement a clairement choisi la stratégie du pourrissement. On en voit le résultat : un mort et plusieurs blessés cette nuit en Guadeloupe. Un mouvement qui se radicalise, qui tourne à l’émeute…
La grève contre la vie chère qui a démarré le 5 février est un cocktail explosif où les problèmes économiques se mêlent à des injustices sociales structurelles très anciennes, largement ignorées par l’Etat.
Il y a d’abord la crise de l’emploi : un chômage trois fois supérieur à la moyenne nationale et un taux de pauvreté des ménages deux fois plus élevés qu’en métropole. S’ajoute à cela l’aberrante cherté de la vie : les pâtes sont deux fois plus chères qu’à Toulouse, il faut débourser près de huit euros pour s’offrir quatre yaourts nature, et la scarole peut atteindre les dix euros !
Et il y a aussi autre chose : une grande partie de ceux qui tiennent les rênes de l’économie sur les îles ne sont pas des capitalistes comme les autres. Pour beaucoup, ce sont des « békés », des « Blancs créoles », les descendants des grandes familles nobles qui se sont installés sur les îles au XVIIème siècle. Une caste économique qui représente 1% de la population, mais pèse par exemple 20% du PIB martiniquais.
Pour comprendre la profondeur de la blessure identitaire de nos concitoyens martiniquais, guadeloupéens, guyanais, il suffit par exemple de feuilleter l’annuaire de Fort de France. Si beaucoup de noms portent en eux des consonances africaines, d’autres sont frappés du sceau de l’ignominie. Ce sont tous les patronymes qui ont été arbitrairement attribués aux esclaves libérés, au moment de leur inscription dans les registres d’état civil en 1848. A côté des noms mythologiques comme Homère, Achille, Titus, on trouve aussi des Crétinoir, Zonzon, GrosDésir, Malcousu…
Tout cela ne serait plus grand-chose aujourd’hui si l’Etat français s’attelait à réparer les injustices sociales et économiques de ses départements d’outre mer ; si la presse métropolitaine s’intéressait plus régulièrement à ce qui s’y passe ; et si les citoyens de l’Hexagone cessaient de s’imaginer que les îles sont de simples plages touristiques…
Le gouvernement a su trouver des solutions rapides pour aider les banques, il se montre insensible à la demande sociale qui s’exprime outre-mer, comme en métropole.
Il est temps qu’il réagisse et propose des solutions pour répondre aux revendications légitimes des ultramarins.
Les Verts ont signé l’appel unitaire de soutien aux travailleurs de Guadeloupe, Martinique, Guyane et de la Réunion qui se battent « contre la vie chère, les bas salaires, les licenciements et le chômage, qui se battent pour leur dignité ».
Toulousain(e)s, nous devons aussi nous sentir concernés, et exprimer notre solidarité.
C’est en tous les cas ce que j’ai voulu exprimer par ce billet…