Monsieur le Président, chers collègues,
Dans une assemblée telle que la notre, le débat budgétaire peut avoir un aspect rituel, voire routinier. Pourtant, la période à laquelle nous devons voter ce budget de la Communauté urbaine du Grand Toulouse ne l’est pas et nous invite à n’être ni routiniers ni conformistes.
La crise est aujourd’hui sur toutes les lèvres.
Elle n’est pas, comme certains voudraient s’obstiner à nous le faire croire, une simple crise de la dette. Elle est globale, économique, sociale, environnementale, énergétique, mais aussi démocratique.
La Fondation Abbé Pierre, nous l’a rappelé il y a à peine quelques jours : en France, ils seront 8 millions cet hiver, dont de nombreuses personnes âgées mais aussi des enfants, qui auront de la peine à se chauffer, victimes d’un modèle énergétique insoutenable et d’une précarité sociale grandissante.
A ce quotidien angoissant, la droite au pouvoir n’apporte que des contre-réformes et dissimule de manière mal habile ses inepties et ses échecs.
Son gouvernement, relayé par ses représentants locaux Marie Déqué ou M. Moudenc, voudrait aujourd’hui pointer l’irresponsabilité des collectivités locales, comme si nous pouvions oublier que ce sont eux qui ont désertés les services publics de proximité et laissées seules les collectivités pour répondre à la crise.
Cette période de crise, loin de nous appeler à nous recroqueviller, nous invite donc à oser. C’est dans cet état d’esprit, je le pense, que nous devons aborder cette année 2012 et le budget qui l’accompagne.
Nous avons une double responsabilité : répondre à l’urgence en faisant face aux défis du quotidien que rencontre l’agglomération ; agir à temps pour préparer l’avenir, et avoir l’audace et le courage du changement.
Cette double responsabilité nous appelle donc à voter aujourd’hui un budget volontariste au service d’un projet ambitieux.
Le budget que nous allons voter devra se donner les moyens de ses ambitions. Dès lors, il doit tourner le dos à l’austérité, qui n’est ni une solution, ni une fatalité.
Sur ce point, les écologistes tiennent à saluer la présentation d’un budget en hausse en terme d’investissements par rapport à 2011. La communauté urbaine, ainsi, ne tombe pas dans le piège de la rigueur.
Pourtant, un budget ce n’est pas seulement une question de moyens, mais c’est d’abord un projet, un projet politique qui doit être ambitieux.
L’importance de la dotation de solidarité (elle représente 43 % des dépenses réelles, soit 293 millions), est la marque d’un faible niveau d’intégration de notre communauté. On peut donc voir une forme de contradiction entre ce niveau de reversement et notre ambition métropolitaine.
Nous souhaitons donc que notre communauté urbaine fasse le choix politique d’une plus forte intégration dans les années à venir.
L’effort indispensable que continue de tenir notre collectivité pour améliorer l’offre de transports, tachant de rattraper le retard de 30 ans de sous-investissement, est à noter : aujourd’hui, plus qu’hier, et encore davantage demain, la priorité de la communauté urbaine doit être pour nous les transports. Nous devons poursuivre l’effort et réorienter les investissements vers cette priorité.
L’urgence est également sociale. A cet égard, notre engagement de consacrer 19 millions au logement est un effort à souligner. C’est, à n’en pas douter, une préoccupation forte des grands toulousains à laquelle nous ne devons pas renoncer, en pensant à les répartir équitablement sur le territoire, en cohérence avec les axes de transports en commun.
Par ailleurs, nous avons un devoir de soutenir l’activité économique de note agglomération. C’est à dire poursuivre notre effort de soutien au tissu de PME, à l’économie sociale et solidaire, mais aussi diversifier les piliers économiques sur lesquels notre agglomération repose. Aujourd’hui, un rapport de l’Académie de l’air et de l’espace indique : « la croissance du trafic sera sans doute moindre que celle annoncée par les opérateurs aériens et les principaux constructeurs aéronautiques […], l’énergie sera rare et chère, avec un besoin de sources alternatives, et les exigences environnementales ne seront pas atteintes uniquement par des progrès techniques ».
Notre industrie aéronautique prédominante devra donc être soutenue, non pas pour poursuivre son illusoire croissance, mais accompagner sa conversion pour que les compétences de ses salariés servent le nécessaire nouveau modèle de développement.
Enfin, permettez moi ici de saluer toutes celles et tous ceux qui ont mis le coeur à l’ouvrage, l’année 2012 marquera l’acte d’engagement de notre plan climat énergie, avec notamment la naissance d’un futur service public communautaire de l’énergie. Cette innovation ne doit pas se contenter d’être un service de plus aux usagers, elle doit mettre notre agglomération sur la voie de l’avenir, sur la voie de la transition énergétique et de l’après-Fukushima.
Cependant, tenir ses engagements n’implique pas nécessairement d’être dispendieux dans tous les domaines. Pour les écologistes, tenir le cap de la conversion écologique, c’est notamment mieux cibler les politiques communautaires : ainsi, l’un des chantiers prioritaires de 2012 devra être la mise en oeuvre de la critérisation effective de toutes nos politiques, l’accompagnement du changement des comportements, en interne, par l’exemplarité de la collectivité en terme d’économie d’énergie, et en externe, par des efforts plus conséquents pour subventionner les associations qui œuvrent à l’éducation à l’environnement et au développement durable.
D’autre part, les écologistes appellent à faire preuve de sobriété dans certains investissements. C’est, par exemple, questionner la réalisation d’un nouveau parc des expositions. Les économies que proposent les écologistes se chiffrent en millions d’euros. Elles doivent pouvoir être mobilisées en faveur de l’émergence d’un nouveau modèle, au service des emplois et de la qualité de vie.
Vous l’aurez compris, ce budget 2012 a pour les écologistes une importance toute particulière. Il appelle, en ces temps mouvementés, et alors que l’Etat ne montre pas l’exemple, à tenir nos engagements et à proposer des choix justes. Nous devons, également, nous en donner les moyens budgétaires.
En réalité, c’est un « triple A » d’une autre nature que les écologistes proposent : Autonomie, Ambition, Audace.
Autonomie de nos choix, ambition de notre projet de transformation de la société, et audace dans la recherche de voies nouvelles pour y parvenir.
C’est dans cet esprit et animé de notre volonté de rassemblement que nous voterons ce budget.
Je vous remercie.
Antoine MAURICE
Président du groupe des élu-e-s EELV à la Communauté urbaine du Grand Toulouse