Les pesticides, et en particulier les insecticides, lesquels tuent directement ou affaiblissent d’innombrables insectes, oiseaux, mammifères et batraciens, sont à l’origine d’une perte importante de biodiversité. Les insectes pollinisateurs tels que les abeilles connaissent un taux élevé de surmortalité liée à l’utilisation de certains pesticides, notamment ceux de la famille des néonicotinoïdes. Ces différents produits ont également un effet néfaste sur la vie microbienne des sols.
Les pesticides sont également néfastes pour la santé humaine : cancers, maladies neurovégétatives de type Parkinson ou Alzheimer, risques d’infertilité, malformations congénitales, système immunitaire affaibli etc. Ils ont donc un impact sanitaire important, d’autant plus qu’on les retrouve dans l’eau, dans l’air et dans l’alimentation.
Si les premières victimes sont bien sûr les utilisateurs professionnels comme les agriculteurs ou les jardiniers des espaces verts, directement exposés, il n’en reste pas moins que les pesticides se disséminent largement et que les particuliers sont aussi exposés et susceptibles d’en subir les conséquences.
Du riverain habitant près d’un champ aux consommateurs qui mangent une pomme contenant des résidus de pesticides en passant par le jardinier du dimanche, tout le monde est exposé !
Notre système agricole, très majoritairement productiviste et reposant sur une industrie chimique omniprésente, est à l’origine d’un problème aigu de santé publique auquel l’État doit faire face en s’engageant sur des objectifs impératifs de réduction drastique des usages de pesticides et d’exclusion de certaines substances, et sur la protection des victimes de l’industrie chimique.
Le plan national « Écophyto 2018 » dont l’objectif principal est de réduire de 50 % l’utilisation des pesticides d’ici à 2018, est jusqu’ici inefficace. À rebours des objectifs, l’utilisation des pesticides en France a continué à augmenter de 2,4 % entre 2008 et 2010 !
Il est grand temps de protéger les particuliers des risques auxquels ils sont exposés contre leur gré et de renouer avec une agriculture en adéquation avec les milieux naturels, tout en proposant aux consommateurs des produits de qualité sans résidus de pesticides.
Renoncer aux pesticides de synthèse est une démarche de progrès revalorisant l’agronomie, les paysans et les territoires tout en assurant la santé des consommateurs et des générations futures.
La France est le premier pays utilisateur de pesticides en Europe et le deuxième au monde. Chaque année, plus de 62 700 tonnes de matières actives sont dispersées dans l’environnement. Ces substances, utilisées principalement en agriculture, ont vocation à « nous » débarrasser des insectes « nuisibles », des « mauvaises » herbes et/ou des maladies causées par des champignons.
C’est pourquoi, au regard des effets sanitaires de certains pesticides et de leur impact avéré sur la biodiversité, en tant que citoyen, écologiste, et élu local notamment en charge de l’environnement à Toulouse Métropole, j’ai écrit ce jour
Au ministre de l’agriculture, pour demander :
– de mettre en place une zone tampon de 100 mètres sans pulvérisations, à proximité des lieux de vie en zone rurale ;
– d’interdire purement et simplement toute utilisation de pesticides de synthèse en zone urbaine ;
– de généraliser sur le territoire national les arrêtés préfectoraux, pris dans certaines régions concernant l’interdiction de pulvériser des pesticides aux abords des fossés et des points d’eau ;
– de mettre en place un dispositif de contrôle sur les tracteurs pour informer de la vitesse du vent et pouvoir la contrôler a posteriori ;
– de mettre en place une signalétique, très explicite et visible par tous, le long des chemins traversant et/ou longeant les zones de pulvérisation de pesticides, ainsi que, à l’entrée des parcelles, un dispositif simple pour évaluer la force du vent (type manchon, etc.) ;
– d’appliquer la loi sur l’eau, qui demande de mettre en place trois périmètres de protection autour de tous les captages d’eau potable ;
– d’obliger sur les 2e et 3e périmètres de protection de pratiquer l’agriculture biologique.
À la ministre de la Santé, pour lui demander :
– d’établir une norme limitant la présence des pesticides dans l’air ;
– de ramener la contamination des aliments par les pesticides au seuil de détection ;
– d’annuler l’instruction du ministère de la Santé du 8 décembre 2010 autorisant des niveaux de contamination de l’eau par les pesticides inacceptables ;
– d’interdire la vente en libre-service des pesticides pour les particuliers.