Élu Écologiste à Toulouse

Pour une social écologie

Ce discours n'ayant pas été lu, il est écrit ici le plus fidèlement possible.

Bonjour à toutes et à tous,

Merci à Sébastien Vincini et au Parti Socialiste de Haute-Garonne pour cette invitation à débattre.
Je tiens tout d’abord à excuser Véronique Vinet, notre secrétaire régionale qui avait été invitée, et qui n’a pu être présente, ce que je regrette, puisque elle aurait permis d’avoir un peu de parité à cette table ronde masculine…

Les écologistes sont toujours favorables au débat, dans le respect de chacun, mais sans concession, et en toute franchise.

Quand j’ai lu l’invitation à cette table ronde, je me suis d’abord demandé si nous étions condamnés à revivre ad nauseum le triste scénario d’un choix électoral par élimination tant le spectre du FN semble tout écraser, mais j’y reviendrai.

Comme vous appeliez dans l’invitation à la construction d’un projet commun, j’ai cru un moment que le PS rejoignait la dynamique du projet en commun qui se construit pour les régionales, mais non, je me suis trompé…

Alors, j’ai bien écouté Sébastien Vincini sur la gauche de demain, et sur le fond, j’ai trouvé qu’on en restait quand même à de la superficialité, sur des valeurs, des principes.

Mais si l’on veut débattre de la gauche de demain, encore faut-il échanger de ce qu’est la gauche aujourd’hui, et notamment le gouvernement actuel qui se dit de gauche…

Car la matrice de ladite gauche socialiste et radicale au pouvoir est bien celle du renoncement.
Je ne vais pas lister l’ensemble des points car je n’aurai pas le temps, mais c’est un peu la triangulation des Bermudes.
A force de reprendre les arguments et les mots de la droite, de trouver moderne de briser les tabous, de défendre la fin des 35h, de dénoncer les impôts, de s’en prendre aux Roms, de prôner la déchéance de nationalité pour certains condamnés, de taper sur les grévistes, sur les fonctionnaires, quelle est la différence avec la droite ?
Est-ce avoir une carte d’adhésion dans un parti qui se dit de gauche ? Le fait de proclamer « je suis de gauche » ??
A force de trianguler, on fait disparaître la gauche.
Et aujourd’hui, les citoyen-nes ont perdu tout sens de ce qu’est la gauche, la droite, et les renvoient dos à dos en se tournant vers le FN.
Car les promesses non tenues, la similitude des politiques économiques de droite comme socialiste alimentent largement ce sentiment d’une classe politique honnie dont le FN fait son lit.

Mais il faut dire aussi que la gauche au pouvoir marquée par le renoncement, échoue.
Sur le plan économique, l’effet cumulé des 40 milliards attribués aux entreprises sans contreparties et sans vision stratégique et de la baisse de 50 milliards des dépenses publiques a un effet récessif, qui empêche de créer des emplois, mais empêche aussi… de réduire les déficits.
Et quand j’entends le 1er Ministre traiter d’irresponsables celles et ceux qui, comme les écologistes, contestent cette politique libérale, j’ai envie de lui dire que ce qui est irresponsable aujourd’hui, c’est de donner via le CICE et le Pacte de responsabilité 1 milliard aux banques et 3 milliards à la grande distribution qui n’en ont pas besoin, par exemple !

Nous sommes désormais face à deux visions entre un modèle social-libéral, et un modèle social-écologique, qui repose les questions fondamentales et refonde le progressisme : quel monde voulons-nous transmettre à nos enfants ?
Le projet historique de la gauche a consisté à faire grossir le gâteau pour en redistribuer une partie aux plus pauvres. Ce logiciel repose sur une croissance forte. Or cette croissance forte est derrière nous et il faut donc refondre un projet…
La social-écologie tient au contraire un discours de vérité sur le fait qu’une croissance infinie dans un monde fini n’est pas possible et en tire les conséquences en se donnant comme objectif d’augmenter l’intensité en emplois de l’économie et en développant la transition écologique, qui revient à remplacer de l’énergie et du capital par du travail humain.

La question de l’unité et du FN méritent également que nous ayons un débat.

L’union au 1er tour n’est pas forcément une stratégie gagnante.
Exemple aux dernières municipales à Hénin-Beaumont : les écologistes ont fait le choix de l’union de toute la gauche dès le 1er tour… le FN a gagné…au 1er tour !!! La digue ne suffit donc pas à éviter la victoire du FN qui s’ancre dans nos territoires. La peur n’évite pas le danger.

L’unité ne se décrète pas en effet, elle ne peut se construire que sur du contenu, de la cohérence entre ce qu’on dit et ce qu’on fait, entre ce qu’on fait au gouvernement et dans les territoires, car les citoyen-nes ne peuvent pas entendre que le même parti fasse au national le contraire de ce qu’il peut faire parfois sur les territoires.
Et aujourd’hui, appeler à l’union dès le 1er tour des régionales (après les municipales et les départementales) comme je l’entends ne peut qu’interroger.
D’abord, si l’union au 1er tour devait désormais être systématique, il faudrait que le PS soit cohérent, et porte l’idée de scrutins majoritaires à un tour, défende le bipartisme, et après à droite la création des Républicains, décide de s’appeler les Démocrates par exemple…!!!! Et dans ce débat, nous serons en total désaccord, puisque vous le savez, nous défendons nous une refondation démocratique avec une VIème République, la mise en place de la proportionnelle, autre renoncement et autre promesse électorale non tenue par le PS au gouvernement !
Ensuite, les appels à l’union ne sont que des appels de principe, en disant « tous derrière le PS ou derrière notre candidate » alors que nous, nous avons construit un projet commun, ouvert, où le PS aurait pu participer s’il se retrouvait dans les valeurs et propositions d’un projet écologique et solidaire, avant d’envisager une équipe pour le porter.

Concernant le FN, je pense que quand la droite court après le FN, elle porte une lourde responsabilité, et quand la gauche se contente d’incantations pour répondre à la progression du FN, elle ne remplit pas sa mission.
Le FN prospère sur la colère contre les élites; il est devenu un dangereux attrape tout, faisant son miel des interrogations identitaires comme la peur du déclassement social.
La perte de repères collectifs entraine le repli individuel.
Le sentiment d’être sacrifiés, que les politiques mentent, que le voisin triche etc..font que le moteur du vote FN, c’est le chacun pour soi.
On fait fausse route si l’on pense que la seule condamnation morale fera reculer le FN. Mais on se trompe également si l’on considère qu’il suffit d’agir sur le front de l’emploi. Rien n’est aussi mécanique. La reconquête des cœurs et des esprits prendra du temps.
L’égalité des territoires, la solidarité, doivent être les bases d’un projet commun à refondre pour notre pays.
Beaucoup de dirigeants et d’élites restent prisonniers d’un productivisme d’un autre âge qui les condamne à n’être que des gestionnaires à la petite semaine.

Nous faisons face à une crise multiple.
Et le premier élément de cette crise est indépassable : ce sont les limites physiques de notre modèle de développement. L’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique naissent directement du modèle productiviste d’exploitation de la planète.
L’enjeu de notre siècle est donc bien celui de l’écologie.
Mais pour réussir le redressement écologique nécessaire, il faut changer de perspective mentale.
Depuis la Révolution, notre économie repose sur une utilisation sans fin des ressources naturelles et une consommation énergétique illimitée. Ce cycle est achevé.
Il faut en finir avec le culte de la croissance
En faire le Graal qui oriente toute politique constitue un conformisme paralysant.
Car aujourd’hui, peu importe si elle se fait en développant des énergies polluantes, en compressant les salaires, en augmentant les inégalités, ou en favorisant les bulles spéculatives…
C’est un indicateur imparfait qui peut nuire à l’environnement et à l’humain.
Et les indicateurs économiques ne peuvent pas être une fin en soi.

Voilà quelques éléments de fond dont nous voulons débattre.

C’est en refondant un projet sur ces bases que nous voulons construire une gauche écologiste du XXIème siècle.

Notre seule certitude est que les vieilles orthodoxies : le libéralisme échevelé, le marxisme non démocratique, ou la social démocratie vieillissante sont à bout de souffle.

Je pense qu’il faut construire une alternative politique majoritaire autour d’une social écologie, en n’ayant pas peur du mélange, de la métamorphose, de la confluence, de militant-es de partis politiques différents, de citoyen-nes.

Aujourd’hui, le seul horizon qu’on propose à la jeunesse est la compétition à outrance, le rêve de devenir milliardaire.
Pourtant la jeunesse dit autre chose. Elle veut d’abord qu’un autre futur soit possible.

Il y a un slogan ancien de la gauche qui disait « changer la vie ».
Aujourd’hui encore, oui, il nous faut changer la vie, sur la base d’un nouveau paradigme, pour vivre autrement, vivre mieux.

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