Toulouse est-elle une ville suffisamment verte ?
Non, loin de là. Et la végétalisation est un enjeu pour toutes les villes. Nous saluons le virage écologiste que semble négocier Jean-Luc Moudenc, à un an de la fin de son mandat et nous sommes prêts à l’accompagner. Face au dérèglement climatique, l’écologie ne peut plus être un élément accessoire, mais au contraire la colonne vertébrale de l’action publique. Mais nous jugerons sur les réalisations, pas sur les annonces…
Pourquoi êtes-vous sceptiques sur ces engagements ?
Parce que depuis 2014, l’action de la municipalité n’a pas été à la hauteur des enjeux. Une des premières décisions a été d’abandonner les prairies urbaines mises en place entre 2008 et 2014, en les qualifiant d’«herbes folles». On voit aussi que la présence du végétal est une préoccupation très secondaire dans la plupart des projets urbains de la métropole, où on se contente de voter des compensations à la bétonisation. Le végétal est souvent utilisé comme gadget pour verdir des projets qui n’ont rien d’écologiques, comme la Tour Occitanie et ses arbres hors-sol, dont on voit mal par quel exploit ils seront maintenus à 150 m de hauteur. On nous annonce aussi de nombreuses plantations d’arbres, sans connaître leur solde net prenant aussi en compte les abattages, et sans forcément qu’ils s’intègrent à des espaces suffisamment plantés pour avoir une fonction vraiment rafraîchissante. Quant à l’île du Ramier, c’est un très beau projet… À l’horizon 2030, autant dire pour le moment des arbres sous forme de papier glacé.
Quelles sont, selon vous, les priorités pour redonner de l’air aux Toulousains ?
En matière de végétalisation, il faut que la place de la nature soit intégrée en amont de tout projet urbain. Nous devons construire un réseau de parcs urbains sur l’ensemble de l’agglomération pour que chaque habitant ait un espace de respiration à proximité de chez lui. Un véritable permis de végétaliser les rues et espaces publics associerait les résidents à l’amélioration de leur cadre de vie. Lors des épisodes de canicule, l’ouverture nocturne des jardins publics offrirait aux Toulousains des espaces de fraîcheur. Mais pour leur donner de l’air, il faut aussi réduire la pollution, et pour cela développer beaucoup plus vite les alternatives à la voiture. On court encore après des décennies d’étalement urbain record, durant lesquelles les infrastructures de transports en commun n’ont pas suivi. Or, c’est l’enjeu principal pour limiter la hausse des températures et la pollution de l’air.