Élu Écologiste à Toulouse

20 ans d’AZF : l’émotion et les risques industriels intacts

AZF : 20 ans déjà.

Ce mardi 21 septembre, nous avons commémoré les 20 ans de la plus grande catastrophe industrielle que la France ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale : celle du 21 septembre 2001 à Toulouse, sur le site de l’usine AZF (AZote Fertilisants). Le 21 septembre marque à jamais Toulouse de la mémoire de ce drame qui a fait 31 morts et des dizaines de milliers de blessés.

Fin 2019, l’ancien directeur de l’usine chimique AZF et la société exploitante Grande Paroisse ont été définitivement condamnés. Si les causes de l’explosion sont définitivement établies, il reste l’amertume et l’inquiétude.

20 ans après, les leçons de ce drame n’ont toujours pas été tirées, que ce soit sur le plan national comme local. 20 ans après l’explosion d’AZF, 2 ans après l’incendie du site de Lubrizol, 1 an après celui de Beyrouth au Liban, 18 ans après la promulgation d’une loi qui instituait des « Plans de prévention des risques technologiques » (PPRT), 500 000 installations industrielles restent dangereuses en France.

C’est le nitrate d’ammonium qui est à l’origine de la catastrophe AZF, et des explosions au Liban ce 4 août 2020. Cette substance chimique est notamment utilisée comme fertilisant pour l’agriculture sous une forme très concentrée, avec des risques de détonation majeurs.

Or, la France en est une consommatrice importante, représentant 8% de la demande mondiale. Pourtant, pas moins de 10 incidents susceptibles d’avoir impliqué cette substance ont été enregistrés depuis la fin des années 1980 (plus que dans n’importe quel autre pays), et selon le Bureau des risques et pollutions industriels, le nombre d’accidents sur les sites industriels classés a augmenté de 34 % en deux ans en France.

Compte tenu des risques inhérents à ces installations, il est nécessaire de s’interroger sur la réalité et la qualité de la surveillance des sites de stockages. La Mairie de Toulouse, afin d’assurer la sécurité des habitantes et habitants, ainsi que la protection de l’environnement, doit avoir un rôle d’alerte sur la question des risques industriels, et solliciter tous les acteurs institutionnels afin que l’information soit disponible, et que ces équipements, ainsi que les zones qui les entourent, soient efficacement protégés.

C’est à cet effet que le 3 septembre 2020, avec le groupe des élu.e.s Archipel citoyen, nous avions écrit au préfet de la région Occitanie, M. Etienne Guyot, lui demandant de nous fournir la liste de tous les sites de la région Occitanie soumis à déclaration, stockant des combustibles, du nitrate d’ammonium et tout produit détonant. Nous n’avons reçu qu’une liste d’une trentaine d’entreprises même pas à jour. Nous avions par la suite contacté la Direction Régionale Environnement Aménagement Logement Occitanie (DREAL Occitanie) pour cette même liste, sollicitant également la mise à jour des contrôles. Nous notons par ailleurs l’impossibilité de visualiser les sites “à risques”, tel que proposé sur le site internet de la DREAL Occitanie. Nous n’avons reçu de réponse à aucune de ces sollicitations.

Par ailleurs, près de l’Oncopole, dans quatre lacs artificiels, sont stockées pas moins de 5000 tonnes de nitrocellulose,substance hautement explosive utilisée pour les obus pendant la Première guerre mondiale, qui pourraient présenter un risque d’explosion en raison notamment du dérèglement climatique, mais le gouvernement refuse toujours de prendre ses responsabilités et de faire le nécessaire pour une dépollution.

Enfin, dans notre agglomération toulousaine, nous comptons plusieurs sites concernés par un PPRT, parmi lesquels Ariane Group (ex SNPE ex Heraklès groupe Safran), classée Seveso seuil haut. A noter : Ariane Group poursuit et développe ses activités sur l’île du Ramier, à quelques centaines de mètres de l’ancien site AZF ! Les mesures ne sont toujours pas prises pour garantir qu’un accident grave ne puisse plus jamais se produire. En cause, l’absence de contrôle et les amendes faibles et donc non incitatives. Une Haute Autorité de Surveillance devrait être créée.

Les écologistes demandent depuis longtemps et inlassablement, hélas sans succès, que l’on renforce les contrôles, que l’on réfléchisse à la finalité de ces activités (dont certaines servent notamment à réaliser des pesticides…) et à leur déménagement en dehors de zones urbanisées.

« Plus jamais ça, ni ici ni ailleurs » (qui est le nom d’un slogan post AZF et d’une association de sinistrés à Toulouse) doit devenir enfin une réalité.

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Antoine Maurice

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