Élu Écologiste à Toulouse

Des inquiétudes sur les premières actions et annonces de la nouvelle majorité…

Monsieur le Maire, cher-e-s collègues,

Lors de notre précédente réunion, j’ai exposé la manière dont notre groupe d’élu-e-s entend exercer ses responsabilités au sein de cette assemblée : constructifs mais vigilants, force de propositions mais aussi de résistance, au service des valeurs écologistes et des valeurs d’égalité et de solidarité. J’avais aussi fait part de nos inquiétudes au regard de certaines de vos annonces.

Au nom des élus écologistes, je dois dire aujourd’hui que le climat de ces deux dernières semaines a accentué ces inquiétudes.

Votre majorité a multiplié les annonces. Elle annonce un tour de vis sécuritaire, sur la police armée, la généralisation de la vidéosurveillance, sur la base de chiffrages budgétaires très approximatifs – mais ma collègue Michèle Bleuse y reviendra plus tard. Vous ouvrez la saison de la chasse aux précaires, en annonçant tour-à-tour un arrêté anti-prostitution dont le fondement juridique et l’efficacité restent à établir, puis la suppression du marché populaire de l’Inquet à Arnaud Bernard. Enfin vous jetez une suspicion de principe sur les couples franco-étrangers, en relançant la traque aux mariages blancs… Sans préciser sur la base de quelles informations les agents de l’Etat civil saisiront le procureur de la République pour vérifier un projet matrimonial. Je n’aimerais pas être à leur place.

Par ailleurs je ne peux pas rester silencieux sur la menace d’un recul en matière de préservation de la biodiversité en milieu urbain. J’ai noté que la délégation anciennement libellée « biodiversité et espaces verts » a été raccourcie pour devenir une délégation « espaces verts ». Cet élagage lexical est lourd de sens, si j’en juge par les intentions affichées ce derniers jours concernant les prairies urbaines.

Ces prairies que vous qualifiez aujourd’hui « d’herbes folles » et dont vous avez annoncé la coupe au carré sont l’exemple le plus visible de la politique mise en œuvre sous l’impulsion de Michèle Bleuse durant le précédent mandat. Elles participent d’une gestion écologique des espaces verts, dont l’objectif est de ne pas opposer l’homme à la nature. Elle consiste à penser l’entretien des espaces au cas par cas, au plus près de leurs usages – les bords d’eaux permettant par exemple une fréquence de fauche plus réduite que les aires de jeux. Cette approche globale qui consiste à associer prairies urbaines, bosquets champêtres et berges de plans d’eau a permis de réduire sensiblement le recours aux pesticides et la consommation de carburant, elle est aussi moins gourmande en eau. Elle contribue au maintien et au développement de la biodiversité, essentielle à la vie humaine, même en milieu urbain. Je rappelle que cette politique a valu à la Ville le titre de capitale française de la biodiversité, décerné en 2011. Et je crois qu’elle a été comprise par une grande majorité de Toulousains, dont elle a amélioré le cadre de vie. D’ailleurs ils sont nombreux à avoir manifesté leur attachement à la gestion écologique des espaces verts dont font partie les prairies urbaines, en signant une pétition qui a déjà recueilli près de 6 000 signatures… Nous avons pris acte des déclarations de Madame Chaumette dans la presse. Madame, vous avez évoqué un « malentendu » et votre souci d’une approche « au cas par cas ». J’y vois une belle convergence, car c’était précisément notre approche !

A ce sujet, ma collègue Michèle Bleuse va vous offrir M. Le Maire, Mme Chaumette, le livre « Toulouse, la nature au coin de ma rue », un ouvrage élaboré par les agents de la collectivité pour mieux connaître, et comprendre, la biodiversité de notre ville. J’espère que vous aurez plaisir à le lire.

Les prairies urbaines représentent aujourd’hui entre 15 et 20 % des zones enherbées de notre ville, on est donc très loin de la « généralisation des herbes folles » que vous avez évoquée. Vous n’avez donc aucune raison de généraliser la tonte ! Quoi qu’il en soit, faites-nous confiance pour rester vigilants.

Dans votre discours, M. Le Maire, vous avez évoqué l’autoroute Toulouse-Castres, pour laquelle vous connaissez la position des écologistes. Nous n’y sommes pas favorables car il y a urgence à développer une politique d’alternative à la voiture individuelle, tournée vers les transports en commun. Concernant la 2ème rocade, je note que vous vous faites plus affirmatif qu’hier en Conseil communautaire, où déjà vous sembliez remettre en cause ce projet, en parlant d’études de toutes les alternatives pour améliorer la situation actuelle. Comptez sur nous pour rester là aussi vigilants.

Pour le Conseil communautaire, vous avez exprimé votre méthode de travail, de coopération. Celle-ci reste à éprouver. Nous restons pour notre part attentifs, à la mise en oeuvre de celle-ci, mais aussi au projet métropolitain qu’il reste à construire. Nous avons noté que vous n’avez pour l’instant pas parlé de solidarité ni d’écologie.
Nous restons donc attentifs et vigilants et saurons nous exprimer à Toulouse Métropole également.

Pour conclure, Monsieur le Maire, après votre élection, vous avez manié les symboles pour signifier votre filiation centriste et mettre vos pas dans ceux de Pierre et Dominique Baudis. Mais vos discours et actes donnent déjà de votre majorité une image assez éloignée… Celle d’une droite décomplexée, rétrograde, qui est bel et bien de retour à Toulouse. Au moins, votre positionnement a le mérite de se clarifier !

De nôtre côté, nous resterons constants sur les valeurs, d’écologie et de solidarité, et nous positionnerons toujours pour l’intérêt général, au service des Toulousain-e-s.

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Antoine Maurice

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