Propos liminaires à l’occasion du conseil municipal de Toulouse du 30 juin 2023
Ce mercredi, au matin, à Nanterre, un adolescent de 17 ans, Nahel, a été tué à bout portant par un policier, après un contrôle routier. Au nom du groupe écologiste, je veux adresser à la famille et aux proches de la victime, nos plus sincères condoléances. Ce drame a suscité une légitime colère. Nous souhaitons que les enquêtes ouvertes par la Justice et l’Inspection Générale de la Police nationale (IGPN), permettent de faire au plus vite toute la lumière sur les circonstances exactes de ce drame.
La violence, telle que celle qui s’est exprimée ces derniers jours dans les quartiers, ne résoudra rien. La justice doit être rendue.
La semaine dernière, en marge de la fête de la musique, vous avez été victime M. le Maire d’une agression, ainsi que nos collègues Johnny Dunal et Nina Ochoa, blessée, et Nicole Yardeni et Caroline Adoue-Bielsa qui étaient présentes également. Nous condamnons cette violence. La justice doit être rendue.
Les écologistes condamneront toujours toutes les violences car nous sommes non violents, pacifiques et pacifistes.
La non-violence, qui exprime une ferme détermination pour des relations et une organisation basée sur l’écoute mutuelle des expressions, sans domination, est inscrite dans la charte des Verts mondiaux à laquelle nous adhérons.
Nous sommes aussi plus que jamais attachés à la République qui protège, ses valeurs de liberté, égalité, fraternité, qui sont notre bien commun à protéger.
Attachés enfin à la démocratie qui repose sur plusieurs piliers dont la Justice.
Votre fonction, M. le Maire, devrait vous amener à être le garant de ces fondements de la République et la démocratie.
Et pourtant, vous faites le choix, régulièrement, de cliver, caricaturer, amalgamer, attiser…
Vous cherchez le clivage à dessein avec les mots que vous employez à l’égard de personnes qui ne pensent pas com
me vous, quand vous vous permettez de juger de la sincérité des condamnations que nous opérons, ou que vous vous faites juge de trier « le bon grain de l’ivraie » comme vous l’avez fait au dernier conseil métropolitain. C’est aussi le cas dans les tribunes municipales et métropolitaines où les mots que vous choisissez sont détournés de leur sens comme le mot “éco-terroriste”.
Nous, les écologistes, nous ne faisons pas d’amalgames. Nous n’avons par exemple jamais dit que vous étiez d’ultra droite lorsque vous avez manifesté aux côtés de l’extrême droite, de Civitas, contre le mariage pour les homosexuels.
Enfin, encore aujourd’hui, par votre vœu qui prétend condamner les violences envers les élus tout en les sélectionnant, et relativisant l’extrême droite qui n’est pas citée une seule fois alors qu’elle est bien présente à Toulouse, quand on se rappelle les menaces faites par l’extrême droite en amont d’une lecture par des drag queen auxquelles vous aviez cédé, ou les violences de cette extrême droite au Conseil régional qui avait tenté d’envahir l’hémicycle par exemple.
Nous refuserons de rentrer dans votre exploitation politicienne et complaisante avec l’extrême droite à travers ce vœu.
Pire encore, vous attisez en attaquant notre Etat de droit, remettant plusieurs fois en cause la Justice de notre pays et son indépendance. Ce fut le cas lorsque vous avez remis en question la décision de justice d’annulation du PLUIH en parlant d’« une décision qui piétine la volonté du peuple » amenant le tribunal administratif à réagir publiquement, fait extrêmement rare, pour vous rappeler qu’ « en vertu de l’article L. 2 du code de justice administrative, « les jugements sont rendus au nom du peuple français ».
Ces jours-ci, vous avez à nouveau attaqué la justice et son indépendance en indiquant sur un média d’extrême droite que « l’autorité républicaine, perçue comme laxiste, impuissante” n’avait “plus le dernier mot… le dernier mot c’est le juge qui l’a, c’est la loterie, soit on tombe sur un juge qui a une certaine idée, ou alors on tombe sur un juge empreint d’idéologie, et à ce moment là on peut avoir beaucoup de complaisance à l’égard de ces activistes »…
Vous-mêmes, par vos propos récurrents, vous remettez en question un des fondements de notre démocratie, la Justice, vous remettez en question l’Etat de droit.
Je sais bien que vous êtes déjà en campagne car déclaré candidat, mais tout cela n’est pas à la hauteur de votre fonction de Maire de la 4ème ville de France, depuis 9 ans. Tout cela n’est pas à la hauteur de la période, où les tensions sont fortes, partout, comme on le voit.
En ce qui nous concerne, nous prônons la désescalade de la violence et resterons des élus qui cherchent à apaiser et rassembler, fidèles à notre vision d’une République écologique et sociale.
Féliciter le Stade Toulousain pour sa 22ème victoire en Top 14. L’équipe rouge et noir a montré qu’il ne fallait jamais lâcher : travail, ténacité et cohésion font le lit de la victoire. Et de la joie partagée par toute une ville. Cette victoire faisait suite à celle du TFC, qui a ramené la coupe de France au Capitole, 66 ans après…
Nos équipes toulousaines ont montré combien nous pouvions rassembler les Toulousaines et Toulousains; c’est cet état d’esprit qui nous guide.
A l’approche de l’été, vous avez annoncé la végétalisation du Capitole pour « rafraîchir » ne restera malheureusement qu’une communication, car comme le dit Caroline Mollie, architecte paysagiste qui a écrit un livre « des arbres dans la ville », « les plantations d’arbres en pot, une mode coûteuse et inefficace, totalement illusoire de croire que cela pourrait créer rapidement des îlots de fraîcheur ».
Nous vous rappelons que vous faites le choix, place du Capitole comme ailleurs, de ne pas respecter la Charte de l’arbre votée par vous-même donc, et qui indique qu’il ne faut pas planter des arbres en pot. Il est temps de chercher surtout à recréer des espaces de nature, de pleine terre, en ville, afin de pouvoir planter réellement les arbres centenaires de demain.
Enfin, je voudrais terminer en parlant de mobilités, qui reste une priorité majeure de nos politiques locales.
L’Etat a annoncé 800 M€ pour les RER métropolitains dans le cadre du volet mobilités des Contrats de Plan Etat-Région (CPER) 2023-2027 en cours de négociation.
150 M€ iront à Bordeaux.
Et Toulouse ? Faute de projet partagé, nous pourrions n’avoir que de quoi financer des études pour 2040.
2040, c’est trop tard, c’est pour les années qui arrivent que nous devons proposer des solutions de transports aux habitants de la grande agglomération toulousaine.
Des avancées pour un RER à Toulouse avant 2030, c’est possible, comme l’a montré cette semaine l’association Rallumons l’étoile en faisant des propositions concrètes pour 2025 et pour 2029 qui permettraient d’améliorer le cadencement de l’offre ferroviaire, d’avoir enfin une tarification intégrée et de travailler la coordination entre la Région, Tisséo notamment.
Aujourd’hui, il faut sortir des postures partisanes ou territoriales, où chacun défend son pré-carré, et être à la hauteur des responsabilités pour répondre à celles et ceux qui sont dans les bouchons ou contraints de prendre leur voiture individuelle, et à qui on propose soit de changer de véhicule pour rentrer dans la ZFE soit rien.
Santé, pouvoir de vivre, il est temps de passer aux actes, de construire un projet partagé avec l’Etat, la Région, le département, et de faire démarrer le train du RER à Toulouse.
Cette urgence à avancer des solutions avant 2030 est d’autant plus criante que la date de mise en service de la 3ème ligne de métro reste plus que jamais incertaine. Depuis des années, nous ne cessons de demander la présentation d’un plan de financement consolidé de la 3ème ligne de métro dont les travaux sont désormais engagés. Dans un conseil municipal extraordinaire consacré à l’autorisation environnementale du projet, en février 2022, vous prétendiez encore qu’il n’y avait aucun problème de financement.
Et pourtant, un article d’un journal économique indique que vous avez alerté le gouvernement sur les difficultés à financer le projet de 3ème ligne de métro. Ce grand chantier, dont le coût ne cesse de monter, dépasse désormais les 3 milliards d’euros. Le trou serait de 600 millions d’euros.
Vous auriez demandé au gouvernement d’augmenter le versement mobilités afin de dégager des marges de manœuvre. Nous saluons votre conversion à cette mesure que nous demandons depuis longtemps, car nous pensons qu’une grande agglomération comme Toulouse doit avoir le même taux de versement mobilités que Paris pour répondre aux besoins de mobilités alternatives à la voiture individuelle.
Sur le plan de financement de la 3ème ligne de métro, aujourd’hui, vous ne pouvez plus mentir par omission aux Toulousaines et Toulousains. Il est essentiel que vous puissiez, en toute transparence, dire la vérité des prix de ce projet majeur, pour ne pas dire unique, que vous avez promis aux Toulousaines et Toulousains.