Propos liminaires au nom du groupe « Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne » au conseil municipal du 9 novembre 2022
Monsieur le Maire, mesdames et messieurs les élus, Mesdames et messieurs,
Ce conseil municipal s’ouvre dans un contexte d’inquiétude ; nous vivons une crise sociale (l’inflation, les inégalités qui se creusent), le dérèglement climatique à l’œuvre dont nous avons subi cet été les effets lourdement avec la canicule, et encore avec les températures de ces jours-ci.
Face à cela, Toulouse s’enferme toujours dans un immobilisme et un manque d’ambition.
C’est pourquoi l’ensemble des élus de gauche, écologistes et citoyens ont fait le choix d’engager un bilan commun des 8 ans de votre mandat, M. le Maire, et de votre majorité.
J’ai noté que vous avez bien écouté notre conférence de presse d’hier, vu que vous avez tenté, dans votre liminaire, de justifier votre bilan, difficilement.
Toutes et tous éluEs de gauche, écologistes et citoyens, nous partageons le fait qu’après 8 ans, vous avez fragilisé les services publics, vous gérez sans vision pour préparer notre ville et ses habitantEs aux changements de société à l’œuvre.
Quand les autres grandes villes françaises s’adaptent déjà à l’urgence environnementale et sociale, Toulouse prend toujours plus de retard.
Auprès des ToulousainEs, nous entendons porter notre analyse de votre bilan et nos propositions à travers des actions et moments de rencontres avec les habitantEs dont une prochaine réunion publique.
Sur votre action, ou plutôt inaction, l’été et la rentrée ont démontré l’immobilisme et manque d’ambition dont nous parlons.
La canicule nous a rappelé combien il était urgent de développer la nature en ville et des espaces de fraîcheur.
Côté arbres, vous affichez toujours votre objectif de 100 000 arbres, dont 40% reposent en fait sur la bonne volonté citoyenne du privé, mais les projets d’abattage se succèdent, notamment liés au chantier de la 3ème ligne de métro, sans que vous soyez transparents et clairs : une dizaine d’arbres ont été coupés avenue Jean Rieux, on parle de 4 arbres qui seraient abattus Port St Sauveur, plusieurs abattages prévus avenue Montplaisir et à l’arrêt François Verdier… autant d’arbres déjà grands, avec la circonférence permettant de jouer le rôle de climatiseur, qui disparaissent, et qu’autant d’arbres ou même davantage ne remplaceront jamais avant plusieurs dizaines d’années.
Quant à la nature en ville, il faut au mieux la pression des habitantEs pour que vous envisagiez de préserver des poumons verts comme le jardin de la maison Perry aux Amidonniers, à côté, vous envisagez toujours de brader à des promoteurs des espaces de respiration, comme les 4000 m2 avec un verger de 50 arbres plantés il y a quelques années par la ville de Toulouse qui serait détruit pour la construction d’une résidence senior Vinci dans le quartier Roseraie.
Préservez les espaces verts existants dans l’ensemble des quartiers de Toulouse pour assurer l’adaptation au dérèglement climatique et favoriser la respiration de notre ville qui étouffe de plus en plus.
Par ailleurs, vous avez annoncé récemment un plan de sobriété : vos annonces prévoyaient enfin de mettre en place l’extinction de l’éclairage public et de bâtiments la nuit. Nous nous en réjouissions, après que vous aillez voulu en 2014 lors de votre élection, « rallumer Toulouse » qui était plutôt « enivrer Toulouse dans la gabegie énergétique » ! Mais in fine, votre ambition sur l’extinction de l’éclairage, c’est seulement 45 rues dans 8 des 20 quartiers, soit 5 à 10% des lampadaires. Ridicule.
Nous déplorons aussi que vous ayez préféré réduire les transports en commun (Téléo et métro) plutôt que la pollution des panneaux publicitaires lumineux ou un plan massif de rénovation énergétique des bâtiments, et notamment des écoles toulousaines vétustes et abandonnées pour beaucoup d’entre elles. Investir davantage, notamment pour nos enfants, dans les écoles et équipements publics, c’est aussi souhaitable que possible, Toulouse étant une des grandes villes investissant le moins, comme nous le démontrerons dans le débat d’orientations budgétaires.
Cet été a aussi été l’occasion de confirmer que la culture était de plus en plus inaccessible… Après les lieux fermés, le festival « Toulouse d’été » très accessible et apprécié des toulousainEs et touristes, remplacé à la hâte par le « festival de Toulouse » plus cher en accès, a été un flop, aux dires mêmes de l’adjoint à la culture… de même, vous avez supprimé un évènement populaire historique, la fête foraine St Michel, qui était au Zénith depuis quelques années avec des aménagements réalisés, en prétendant vouloir les déplacer là aussi à la hâte, et en réalité sans intention de le faire.
Votre méthode est toujours la même : vous essayer de renverser les rôles en voulant rendre coupables les autres acteurs, pour vous déresponsabiliser d’abandons que vous n’assumez pas.
C’est la même chose avec l’un de vos projets phares de la campagne de 2014 : l’auditorium de la prison St Michel. Vous avez prétendu que le Préfet vous avait indiqué qu’il n’était pas mandaté pour inscrire le dossier de l’auditorium au Contrat de Plan Etat-Région et que vous aviez ressenti un abandon de l’Etat. Le Préfet a démenti vos propos en indiquant par communiqué de presse que c’était la ville de Toulouse qui avait retiré ce projet de ses priorités lors d’échanges relatifs à l’élaboration du CPER. La réalité c’est donc que ce projet d’auditorium à la prison St Michel était une idée en l’air, que vous n’avez pas avancé concrètement sur le contenu du projet, et que vous tentez là aussi de rendre responsable les autres… en l’occurrence l’Etat, de votre propre abandon.
Finalement, ce n’est pas l’Etat qui vous abandonne M. Moudenc, c’est vous qui abandonnez les ToulousainEs, en n’ayant plus de projet public pour le site de la prison, laissant seulement les projets privés répondre aujourd’hui à un appel à projets de l’Etat… heureusement, le Conseil départemental a répondu et portera donc un projet d’intérêt général, avec un collège et des espaces verts.
Vous, vous vous contentez de supprimer lieux, évènements, projets que vous avez-vous-même portés ; vous n’insufflez aucune ambition, pour la culture comme pour le reste, pour notre ville qui navigue sans vision, sans projet clair.
Enfin, en parlant de projet clair, je souhaitais parler du RER toulousain. En juillet, vous vous êtes exprimé publiquement pour dézinguer le RER que vous avez qualifié de mythe et considérant que nous nous accrocherions à des lubies.
Or, le projet de RER, est concret et il n’est pas défendu uniquement par l’opposition municipale… il est défendu par de nombreux Maires de toute la grande agglomération toulousaine, de gauche comme de droite, par une majorité des Maires de votre propre majorité métropolitaine, par le président du Conseil départemental, tout comme le Préfet, ainsi que par les entreprises de la grande agglomération dont le MEDEF qui savent qu’un réseau de trains d’agglomérations répondrait à des besoins de déplacement de tous nos habitantEs.
Sur ce projet, vous étiez indépendant comme vous prétendez l’être aujourd’hui en quittant votre parti LR, c’est-à-dire, en réalité, seul et isolé.
C’est pourquoi, et nous nous en réjouissons, vous avez dû bouger et reculer sur votre position en adoptant, avec nous toutes et tous, un vœu voté à l’unanimité affirmant que nous soutenions l’objectif de mettre en œuvre des avancées concrètes sur le RER et affirmant qu’il est indispensable que tous les acteurs s’engagent pour trouver un accord sur un projet de RER bénéfique pour tous. Toulouse Métropole s’est engagé à faciliter le dialogue entre acteurs institutionnels, la réalisation d’études et d’aménagements en vue de la concrétisation de ces avancées.
Hier, dans la presse locale, la Présidente de Région a pris position en faveur du RER toulousain et appelé à un financement partagé de ce projet entre les collectivités locales et l’Etat.
Face à l’urgence écologique et sociale, les grandes agglomérations comme Bordeaux ou Strasbourg déjà, Lyon et d’autres demain, s’engagent avec les Régions, au-delà des couleurs politiques, autour d’avancées concrètes pour développer les RER. Vous avez le devoir de concrétiser ces avancées pour des trains du quotidien à Toulouse, dans l’intérêt autant des ToulousainEs que les habitantEs de la grande agglomération toulousaine : pour le climat, notre santé, et le pouvoir de vivre de nos concitoyenNEs.
Que par opportunisme, vous fassiez le choix de passer de l’UDF à Fillon, de l’UMP à Macron, de Sarkozy à demain Horizons ? Finalement, peu importe, car hier comme aujourd’hui et demain, vous étiez, êtes et serez toujours un homme de droite, dont les positions nationales comme la politique locale démontrent chaque jour qu’elle est pensée pour celles et ceux qui ont les moyens et souvent au service des intérêts privés.
Tant mieux si vous vous sentez libre. Permettez désormais aux ToulousainEs de sortir de la prison de votre logiciel des années 80 et de votre inaction climatique et sociale, en changeant de cap pour notre ville, pour que Toulouse rejoigne la dynamique de transition environnementale et sociale des autres grandes villes de France.