Fier-es et positifs-ves: pour une écologie qui s’assume et qui assume.
Les élections régionales: notre objectif numéro 1
Nous sommes à quelques mois des élections régionales.
Ce scrutin est majeur pour l’écologie et les écologistes.
Les régions, malgré de nouveaux périmètres parfois contestables et les manques de la réforme territoriale, sont renforcées comme un échelon particulièrement adapté pour inscrire l’écologie dans le concret, sur le terrain.
La stratégie qu’une grande majorité des militant-es ont choisie dans toutes les régions est la construction de listes de premier tour indépendante du Parti Socialiste. Le plus souvent, le rassemblement incarné par ces listes est composé d’écologistes et de citoyen-nes engagé-es.
Parfois, le rassemblement a été élargi à d’autre formations politiques de Gauche qui ont accepté de se fédérer autour d’un projet citoyen, écologiste et solidaire.
Le contexte politique et démocratique est lourd.
L’état de la Gauche traditionnelle, qu’elle soit « radicale » ou d’ « accompagnement » est préoccupant.
La Droite, rebaptisée « les Républicains », comme si il était nécessaire d’inscrire ce mot sur l’étiquette pour mieux faire oublier que le contenu l’est de moins en moins, largue les amarres avec le gaullisme historique pour être de plus en plus ultralibérale, individualiste et xénophobe.
L’extrême-Droite, elle, capitalise dans ce climat de crises, de rejet des élites et de celles et ceux qu’elle qualifie d’ « étrangers ».
Dans cette sinistrose ambiante, l’écologie a vocation à être au rendez-vous.
Nous avons, en réalité, tous les atouts pour y parvenir.
Les diagnostics que nous dressons depuis des décennies se vérifient et sont reconnus.
La conscientisation autour des enjeux écologistes et de notre imaginaire politique se renforce.
Notre Mouvement a globalement progressé depuis 10 ans, tant d’un point de vue organisationnel, programmatique, militant et électoral. (Contrairement à ce qui est rabâché par d’aucun-e, dont certain-es d’entre nous…).
Nous ne sommes pas identifiés comme faisant parti du « système » vis à vis duquel la confiance des citoyen-nes s’émousse de plus en plus.
Les solutions théoriques et concrètes que nous proposons se diffusent et infusent.
Au-delà du sommet de la Cop 21 de la fin de l’année qui mettra en avant l’enjeu majeur du changement climatique, EE-LV a l’opportunité d’articuler ce défit global avec des actions et solutions locales.
C’est sur cette tache que l’ensemble de notre énergie militante doit être concentrée dans les mois à venir.
Les Journées d’été de notre Mouvement lancent cette dynamique qui devra monter en puissance jusqu’au scrutin régional de décembre.
Dans les régions, nous pouvons nous appuyer sur des bilans solides, des réseaux qui connaissent notre action mais aussi sur des projets qui projettent nos territoires dans « le monde d’après ».
C’est sur la base de ces propositions, ces solutions, que nous devons parvenir à bâtir un imaginaire qui assume une rupture avec un système politique bien rétif aux changements pourtant indispensables.
Il nous faut tenir les deux bouts du fil qui relie la crédibilité et l’ancrage de nos solutions dans le réel avec la radicalité d’un projet global de transformation écologiste de la société.
D’ores et déjà, nos candidates et candidats sont, dans toutes les régions métropolitaines, à pied d’œuvre avec leurs équipes pour porter et incarner cette alternative tranquille et concrète.
L’ensemble de notre Mouvement doit être en soutien de nos campagnes.
Une écologie forte
Comme dit plus haut, au risque de surprendre, l’écologie politique se porte bien en France.
Est-ce à dire qu’elle ne pourrait pas aller mieux?
Non, bien entendu. Ces dernières années, nous avons raté des occasions de développer notre Mouvement et de consolider le lien qui s’était établi avec les Français-es à l’occasion des élections européennes de 2009.
Mais à l’échelle de l’histoire de l’écologie politique dans notre pays, depuis le score historique des élections européennes de 2009, nous avons démontré que le socle électoral sur lequel nous pouvons nous appuyer (en dehors du couple élections présidentielles / législatives de 2012, mais nous y reviendrons) est systématiquement situé entre 9% et 12% quand nous sommes candidat-es sous nos couleurs : 12% aux régionales de 2010, 10% aux cantonales de 2011, 11% aux municipales de 2014, 9% aux européennes de 2014, 10% aux départementales de 2015.
Il est à noter que depuis 2012, cette moyenne de nos scores s’inscrit dans un contexte de baisse globale des scores de la Gauche, et singulièrement du Parti Socialiste. Cela indique que l’ancrage électoral des écologistes se solidifie, même si nous restons, traditionnellement, très perméables au contexte politique global.
Autre point important, à coté d’un électorat urbain, traditionnellement fort pour l’écologie, se développe un électorat rural de plus en plus visible au sud de la Loire.
Ainsi, on peut distinguer une ligne qui part de la Savoie et rejoint le Pays Basque en passant par l’Isère, les Alpes, le Vaucluse, la Drôme, l’Ardèche, la Lozère, le Gard, l’Hérault, l’Aveyron, l’Aude, la Haute-Garonne, l’Ariège et les Pyrénées.
Cette « diagonale verte » était largement visible aux dernières élections européennes de 2014 où EE-LV est arrivée en tête dans plusieurs dizaines de villages ruraux de ces secteurs.
A une « écologie des villes », traditionnelle, s’adjoint une « écologie des champs ». C’est un signe d’infusion de nos idées dans la société.
La « théorie » selon laquelle l’écologie serait en perte de vitesse est donc à nuancer très largement.
Pour faire simple, d’un point de vue électoral, si nous n’avons clairement pas su développer comme cela aurait été possible l’écologie politique suite à l’émergence de EE-LV entre 2009 et 2011, nous ne sommes pas revenus pour autant à la « case départ » des années 2004 – 2008.
D’un point de vue organisationnel, tout le monde partage que nos marges de progressions sont importantes… Il est d’ailleurs troublant de constater que malgré un constat aussi partagé, il soit si difficile de faire avancer les choses plus vite… Mais passons…
Pour autant, notre Parti n’a cessé de se « professionnaliser » (au sens positif du terme…) depuis 10 ans. Que cela soit sur les questions programmatiques, électorales, organisationnelles.
Nous devons donc être fiers d’être écologistes, convaincus de notre capacité à convaincre et déterminés à faire avancer notre cause en assumant notre rapport au pouvoir.
Vers la fin du « complexe présidentiel »
« Le vrai pouvoir de se donne pas, il se prend ». Il est temps pour les écologistes d’assumer, et donc de se donner les moyens, de prendre le pouvoir.
Notre ambition ne doit pas se réduire à être un-e bon-ne adjoint-e, un-e bon-ne Vice-Président-e ou même un-e bon-ne Ministre qui utilise correctement les marges de manœuvres qui lui sont consenties.
Il est temps de passer à la deuxième phase du développement de l’écologie politique.
Après le temps de l’expérimentation, du défrichage, il est temps de nous préparer lucidement et de façon organisée à l’exercice réel du pouvoir.
On l’a dit, les écologistes ont le plus souvent échoué à appréhender l’élection majeure de la Ve République: la présidentielle.
Ce n’est peut-être pas un hasard si nous avons tant de difficulté à assumer cette élection.
Il est vrai que nous sommes opposés au principe de la présidentialisation du pouvoir.
Mais cela ne suffit pas à expliquer nos échecs successifs à ce scrutin.
Quoi qu’on en pense par ailleurs, plus que tout autre, le scrutin présidentiel est celui où s’exprime la rencontre entre les Français-es, un projet de société et une incarnation.
Il faut admettre que nous avons jusqu’à maintenant répugné à assumer cette figure obligée de notre démocratie.
On peut y voir un symptôme de notre difficulté à accepter de nous confronter à une campagne qui, plus que toute autre, met en scène la recherche de l’accession au pouvoir…
Trop souvent, nos désignations internes à cette élection ont été le théâtre de jeux internes plus ou moins avoués qui ont conduit soit à des choix malheureux, soit à des choix effectués dans des conditions déplorables.
Peut-être plus grave, nos candidatures ont trop souvent été portées comme étant des candidatures de « témoignage ». Par définition, un témoin n’est pas un acteur majeur… Il en est même le contraire.
On ne candidate pas à l’élection présidentielle pour montrer qu’on serait un-e bon-ne ministre…
On candidate à la Présidentielle car le projet qu’on porte à vocation à convaincre la société et qu’on veut être élu-e pour le mettre en œuvre.
Si aux autres échelons électoraux les écologistes ont globalement progressé, le scrutin présidentiel et celui des législatives qui désormais en découle, restent les paliers que nous devons franchir pour nous affirmer comme étant une force majeure dans le paysage politique français.
En l’état actuel de nos institutions, il n’y a pas de stratégie de contournement de l’échéance présidentielle pour les écologistes.
Sauf à inscrire EE-LV dans le sillage d’autres. Or, nous considérons que l’écologie ne saurait être supplétive.
La question, dés lors, ne peut pas être « Y aura-t-il une candidature écologiste en 2017 ?», mais « Comment nous organisons-nous après les élections régionales pour qu’une candidature écologiste portée par EE-LV puisse être l’une des trois ou quatre actrices majeures du débat de 2017? ».
Il faudra alors, pour répondre à cette question, commencer par faire très différemment de ce qui a été fait jusqu’à présent.
Commencer par ne pas faire de cette campagne un enjeu interne à EE-LV et surtout nous préparer de façon plus collective et plus anticipée à l’ensemble des enjeux que suppose une participation gagnante au scrutin majeur de nos institutions.
Vers une écologie de transformation
Les débats internes, à forte résonance externe, des derniers mois mettent en lumière un clivage parmi nous entre une écologie d’accompagnement et une écologie de transformation.
Dissipons d’ores et déjà un malentendu: chez les écologistes, contrairement à la Gauche traditionnelle, il n’y a pas d’un coté les révolutionnaires et de l’autre les réformateurs.
Nous sommes toutes et tous pour « réformer » le système, radicalement, en nous appuyant sur les moyens citoyens et institutionnels (certes modifiés) disponibles.
De ce point de vue, le (faux) débat entre les tenants de la participation au Gouvernement Valls et ceux qui y sont opposés est en grande partie factice.
Tout comme le débat de posture entre celles et ceux qui seraient favorables à diluer l’écologie dans la Gauche de la Gauche d’une part, ou dans le Parti Socialiste d’autre part.
Les écologistes sont avant tout… écologistes. Et une grande majorité des écologistes souhaitent que nous participions à l’exercice du pouvoir.
Le sujet n’est pas là.
Le sujet est de savoir dans quelle mesure cette participation est utile, c’est à dire dans quelle mesure elle permet de transformer la société en faveur de davantage d’écologie.
C’est dans l’évaluation et l’approche de cette ambition réformatrice que deux lignes politiques existent.
L’écologie d’accompagnement considère que l’on doit accepter quoi qu’il en soit de participer au pouvoir pour essayer d’y peser, y compris à la marge, sur les politiques publiques pour défendre l’écologie.
L’écologie de transformation implique que cette participation n’a de sens que si elle permet d’avancer sur un chemin qui soit compatible avec les changements de société que nous savons utiles.
Pour filer la métaphore, l’écologie d’accompagnement admet que si on contribue à ralentir la marche sur un mauvais chemin, cela vaut la peine de le suivre.
L’écologie de transformation affirme que notre participation n’a de sens que si le chemin est bon, même si nos partenaires nous font avancer moins vite qu’il le faudrait.
Le problème n’est pas celui des « petits pas » contre les « grandes enjambées », il est de savoir si nous souhaitons – ou pas – assumer d’accompagner – même lentement – des partenaires qui avancent dans une mauvaise direction.
Les grands changements à l’œuvre dans la société et dans le paysage politique nous invitent, plus que jamais, à assumer une ligne de rupture, et donc de transformation radicale du système.
Pas une semaine ne passe sans que nous constations que les crises s’aggravent et se nourrissent les unes les autres : crises sociale, financière, économique, démocratique, écologique, sanitaire. De la situation de la Grèce et du rôle de l’Europe dans cette affaire, au défi énergétique, à la financiarisation de l’économie, aux menaces que constitue la monté des fascismes d’extrême droite ou intégristes, aux tensions que génère dans la société le sentiment de déclassement et la souffrance de l’inactivité salariée subie, tous les indicateurs nous alertent.
Une géographie politique et idéologique en recomposition.
En France, nous constatons une décomposition du paysage politique qui tend vers une recomposition autour de 3 pôles.
Le Parti de l’accompagnement.
Le premier « pôle » est celui de l’accompagnement du système, dont tout nous indique pourtant qu’il est à bout de souffle. Ce pôle est aujourd’hui au pouvoir.
Beaucoup dissertent sur le socialisme au pouvoir… Est-il socialiste ? De gauche ? Est-ce la social-démocratie ? Du social-libéralisme ? Est-ce la « sociale-écologie »?
Nous l’appellerons le « social-accompagnement ». Son ambition est de gérer le monde tel qu’il est, au fil de l’eau. Il est d’organiser et de réguler le déclin que vivent de plus en plus de personnes qui vivent moins bien que vivaient leurs parents, et qui voient leurs enfants vivre moins bien qu’ils ont vécu… Le système, issu de l’après-guerre dans un contexte de croissance forte puis maintenu après le choc pétrolier par l’endettement, périclite. Pourtant, il s’agit tout de même de globalement le maintenir à la petite semaine car envisager une alternative constituerait une utopie irréalisable…
Dans ce premier pôle, il y a également ceux que nous appellerons « les conservateurs ». On trouve parmi eux l’UDI, des personnalités comme François Bayrou, et une partie des républicains comme Alain Juppé ou Bruno Le Maire. Comme pour les tenants du « social-accompagnement », il s’agit d’accompagner le système. Moins libéral du point de vu sociétal, mais plus libéral au niveau économique, ils ont en commun de travailler au maintient d’une élite, d’une « caste » dirait Podémos, d’une «oligarchie » diraient Monique et Michel Pinçon-Charlot, qu’ils ont renoncé à remettre en question – pour les uns – ou dont ils sont les alliés – pour les autres. Le résultat, au final, est le même.
C’est ainsi qu’on peut constater que si la « Loi Macron » s’était appelée la « Loi Le Maire » ou la « Loi Lagarde », peu d’articles auraient différé…
C’est ainsi que le TSCG, traité dit « Merkozy », censé être renégocié par le candidat Hollande, finit par être soutenu par le Parti Socialiste au pouvoir et la social-démocratie européenne.
La seule différence, peut-être, est que présenté par un Gouvernement « conservateur », les Député-es du Parti Socialiste ne les auraient peut-être pas voté.
Le « Parti de l’accompagnement » partage la croyance en la nécessité du retour de la croissance comme préalable pour réparer la panne du système.
Dans ce cadre, l’écologie est, au mieux, une contrainte qu’il faut gérer ou rhabiller en « croissance verte » et autre « green business ». Au pire, elle relève des obscurantismes qui ont toujours freiné la marche du progrès…
Le Parti de la Droite populiste.
Le second pôle est celui de l’extrême droite. Nous l’avons dit par ailleurs, dans un contexte de crise, l’extrême droite prospère. Et pour cause, l’émergence des fascismes est un symptôme récurent d’une société en crise. Le système ne répondant pas aux besoins du plus grand nombre et générant des injustices croissantes et de plus en plus visibles, palpables, il est rejeté. S’articule avec le rejet du système le repli identitaire. La peur, la crainte d’une mondialisation mal comprise et vécue comme étant hostile débouchent sur le « On est chez nous. ». Sous entendu, tout ce qui n’est pas moi ou proche de moi est étranger. Il est à noter que ce réflexe identitaire ne s’organise d’ailleurs pas uniquement autour de l’extrême-droite incarnée par le Front National. Le rejet du système débouche aussi sur l’attraction qu’exerce chez certains individus le radicalisme religieux traditionaliste qui peut lui-même dégénérer vers l’embrigadement sectaire terroriste.
Pour ce qui est du Front National, son évolution récente a eu pour conséquence, et sans doute aussi pour objectif, de l’inscrire dans un champ politique plus compatible avec d’éventuels partenaires politiques, et donc l’accession au pouvoir. Il s’agit de ce qui a été appelé la « dédiabolisation » qui s’est traduite par la mise en retrait de Le Pen père. Idéologiquement, cette évolution n’est pas neutre. Issue de l’antigaullisme, l’extrême-droite française d’après guerre est en train de procéder à une mue qui l’inscrit dans la tradition antiparlementariste et populiste de la Droite radicale des années 30.
Dans un même mouvement, comme dit plus haut, la Droite issue du Gaullisme renonce de plus en plus à cette spécificité. Sarkozy pendant son mandat, puis pendant le second tour de la dernière élection présidentielle, a « buissonisé » (du nom de Patrick Buisson) l’UMP en soldant l’héritage gaulliste, partant de l’analyse que les électorats du FN et celui de la Droite dite républicaine avaient vocation à converger.
C’est désormais le cas. Si les partis politiques restent distincts et n’assument pas encore des accords formels, les jonctions électorales sont désormais courantes pour les électrices et les électeurs. On assiste donc là encore à une recomposition où une partie de l’électorat de la droite et de l’extrême-droite cristallisent autour de thématiques xénophobes, populistes et individualistes très poussées.
Le Mouvement de l’alter-système.
Face à ces deux pôles, un troisième pôle a vocation à émerger.
Disons-le d’emblée, c’est celui pour lequel il reste le plus de travail à effectuer…
Pourtant, l’écologie a vocation à être l’axe majeur de ce pôle politique.
Il s’agit d’assumer une rupture avec le système en place qui, du fait de la finitude de la planète et de ses ressources et des gains de productivité ayant pour conséquence la baisse du temps de travail productif, est obsolète. Les transformations nécessaires pour appréhender cette nouvelle ère imposent une remise à plat des approches politiques traditionnelles: qu’elles soient d’inspiration capitaliste ou marxiste. Il s’agit d’interroger les rapports à la nature et notre environnement en général, à la production, la consommation, le travail, le partage. Il s’agit également de ne pas abandonner la remise en question du système à l’extrême-droite et aux régressions identitaires de tout genre : politiques ou fondamentalistes.
C’est là que des exemples que nous connaissons doivent nous inspirer. Non pas toujours d’un point de vue strictement programmatique, mais d’un point de vue militant et en termes de dynamique politique. Il y a bien entendu Syriza et Podemos, mais à bien des points de vue, on peut dire que l’expérience d’Europe Ecologie en France en 2009 a constitué là aussi un exemple d’émergence politique d’une offre nouvelle face aux forces traditionnelles de l’accompagnement et face à l’extrême-droite. Notre conviction est que ce Mouvement nouveau qui reste à inventer, cet arbre, est présent dans la graine que constitue notre Mouvement Europe Ecologie – Les Verts. Notre responsabilité de Mouvement politique, de Parti, est d’être disponible et volontaire pour être les acteurs de cette métamorphose de notre Parti actuel vers un Mouvement plus large et englobant de l’écologie politique.
Que les choses soient claires, ce Mouvement ne saurait être une « soupe de logos », selon le texte voté lors de l’AG de Midi Pyrénées-Languedoc Roussillon. Il ne s’agit pas de ressusciter une alliance rouge et verte, mais bien plutôt d’analyser les mutations en marche pour recomposer autour du paradigme écologiste une offre politique émancipatrice qui propose un débouché positif aux impasses que constituent le camp de l’accompagnement d’un coté et celui du repli identitaire et xénophobe de l’autre.
Vers la fin du monopole de l’axe Gauche-Droite?
Beaucoup de nos débats internes sont pollués par notre réflexe à nous positionner sur un axe « Gauche-Droite ».
Du slogan originel « l’écologie n’est ni à Droite ni à Gauche, elle est devant », au « ni-ni », à l’ancrage à gauche, à « l’autonomie contractuelle », puis à « l’alliance contractuelle » jusqu’au faux débat actuel : les « pro-PS » versus les « pro-Mélenchon », que de temps, congrès et batailles inutiles perdus entre nous… Cette réalité est encore plus présente aujourd’hui puisque, comme nous l’avons écrit plus haut, les clivages traditionnels entre Gauche et Droite bougent, s’estompent, se troublent, voir disparaissent…
Par ailleurs cette grille traditionnelle d’analyse devient peu opérante face au fait écologique majeur qui remet à plat les analyses économiques et sociales qui faisaient jusqu’à aujourd’hui la loi: l’humanité a atteint les limites de la capacité de la Planète à fournir les ressources qui lui sont nécessaires dans le mode de développement actuel.
Trop souvent, dans le mouvement écologiste, nous nous sommes trompés de radicalité.
La radicalité écologiste n’est pas celle de la gauche traditionnelle.
La radicalité écologiste s’inscrit dans un autre imaginaire de consommation, de production et d’émancipation.
Cela ne signifie pas que nous ne faisons pas de différence entre la Gauche et la Droite.
Cela implique simplement que nous devons pouvoir inscrire l’écologie dans un autre repère, une autre grille, un autre paradigme, que celui qui est traditionnellement posé dans le débat politique.
Il convient également d’ajouter que de moins en moins de nos concitoyen-nes se reconnaissent, ou s’y reconnaissent…, dans la Droite ou la Gauche.
Pour beaucoup, les familles politiques traditionnelles ont en commun de s’inscrire dans un système qu’ils rejettent en constatant l’inefficacité des solutions mises en œuvre.
A cet axe traditionnel « Gauche-Droite » de moins en moins opérant se substitue un axe « Haut-Bas » qui correspond bien plus à la représentation de la société que se font spontanément les citoyennes et les citoyens. Cette évolution s’inscrit dans un contexte où les inégalités augmentent et où l’économie devient rentière. Les jeux du rapport de forces entre « les travailleurs » et « les détenteurs des biens de productions » ne constituent plus une grille d’identification satisfaisante dans un contexte où les travailleurs sont de moins en moins nombreux, de plus en plus isolés et de plus en plus fragilisés. Dans le même temps, une quantité croissante d’entrepreneurs que nous qualifieront d’indépendants se retrouvent en concurrence et en danger face à de grands groupes et à la disparition de l’économie réelle. C’est le sens de mouvements sociaux comme « nous sommes les 99% » ou « les indignés ». Ces mouvements ne se positionnent pas spontanément et préalablement sur un axe « Gauche-Droite » mais sur un axe qui oppose une élite, rentière du système, et « le peuple » soumis aux règles d’un jeu auquel ils ne peuvent pas gagner.
Sur les enjeux écologistes, on retrouve ce clivage entre celles et ceux qui spéculent sur l’externalisation des coûts induits par la destruction de l’environnement et celles et ceux qui subissent (ou subirons) les conséquences de ces destructions. Il y a un enjeu à fédérer sur la base de nouvelles solidarités qui ne se réduisent plus à des solidarités de classes, mais à des solidarités de destins, ou d’objectifs.
En clair, si le capitalisme n’est pas compatible avec l’écologie, il ne suffit pas d’être anticapitaliste pour être écologiste.
Nous devons être en mesure de construire de nouvelles alliances dans la société et donner à voir les gains qu’apporteront au plus grand nombre la mise en œuvre du projet écologiste.
Quelles alliances, sur qui prend-on appui dans la société, pour quels objectifs et quels gains: voici la feuille de route que nous devons construire pour donner envie d’écologie.
Assumer un Parti fort, plus ouvert et structuré autour d’objectifs clairs et collectifs.
L’ambition de l’élaboration d’un nouveau « pôle » politique de l’alter-système n’est pas contradictoire avec un Parti EE-LV plus fort, mieux organisé, plus efficace et d’avantage tourné vers l’extérieur. Au contraire. Plus un Parti est fort et rassemblé, plus il est en mesure d’ouvrir et de fédérer au-delà de lui-même. C’est pour nous l’un des enseignements de l’expérience d’Europe Ecologie de 2009. Sans l’apport citoyen et de Dany, rien n’aurait été possible en 2009. Mais sans un Parti Vert rassemblé et stabilisé, l’ouverture et le rassemblement n’auraient pas été possible non plus.
Notre Parti doit, à notre sens, s’organiser autour de 3 axes:
– Être rassemblé sur une ligne politique et une ambition claires.
Nous l’avons dit, la ligne politique que nous souhaitons affirmer est celle d’une écologie de transformation, ambitieuse et sûre d’elle-même.
Dans la veine de ce que nous avons construit entre 2009 et 2011, nous devons affirmer notre confiance en notre projet.
Les ambitions doivent également être claires. Les lignes politiques trop floues et ambiguës ne permettent pas d’être efficaces en interne, ni lisibles à l’externe. Quelle que soit la ligne politique qui sera celle de notre Mouvement dans les prochains mois, nous souhaitons qu’elle soit pleinement assumée et que chacun joue le jeu de sa mise en œuvre. L’ambition claire que nous proposons est que dans la foulée des élections régionales, nous affirmions encore celle de l’indépendance de l’écologie par rapport à la gauche d’accompagnement pour fédérer autour de l’écologie. Cela implique de nous donner les moyens militants et organisationnels de porter une candidature à l’élection présidentielle pour gagner.
– La pédagogie de la radicalité: s’adresser au non-convaincus.
Nous n’avons pas encore suffisamment stratégisé les moyens de déployer dans les différentes strates de la société notre projet politique écologiste.
Nous avons besoin de mieux articuler notre projet en réfléchissant aux points d’appuis qui existent pour le populariser. Nous ne devons pas seulement réfléchir en matière d’émetteur (le Parti), mais aussi en matière de récepteurs…
A qui on s’adresse, sur quels sujets, avec quels objectifs pour nous et pour lui (ou elle)… Cela implique aussi de refaire un travail de lien avec les corps constitués proches de nous avec lesquels nous ne travaillons pas assez : ONG, syndicats, associations, entrepreneurs,…
Notre Projet doit par ailleurs être assumé dans sa dimension radicale. Nous devons (ré)-affirmer des idées et des valeurs qui ont parfois été un peu délaissées: le rapport au travail, le revenu universel, une relation renouvelée à la nature, bref: nous devons réfléchir à une stratégie qui explique à la société l’intérêt pour elle, et pour les générations futures, de la mise en œuvre du projet écolo. Mais il faut assumer l’usage de méthode disons plus « moderne » pour convaincre celles et ceux qui ne sont pas encore convaincu-es…
Nous sommes volcaniques que ce n’est pas en tiédissant le projet écologiste que nous le rendons plus convaincant. En revanche, il faut accepter et assumer d’adopter des méthodes politiques qui nous sortent de l’entre-soi.
– Une stratégie de développement.
Pour se donner les moyens de notre ambition, nous avons besoins d’un outil-Parti efficace. Remise à plat de statuts incompréhensibles et accessoirement pas toujours respectés; véritable programme d’accueil et d’accompagnement des militant-es ; lien renforcé entre tous les échelons de notre Parti: national, régions, groupes locaux,… Bref, nous devons enfin nous donner les moyens de faire de notre maison commune un véritable levier de notre progression militante et électorale.
A cette fin, nous devrons nous donner les moyens d’alléger le temps d’implication militant interne au profit de l’engagement externe. Des objectifs explicites en matière d’actions, de présence militante, de campagnes, d’adhésions doivent être mis en œuvre et évalué.
De l’échelon national aux groupes locaux, notre Mouvement doit apprendre à accompagner des militant-es qui souhaitent s’engager plus avant et les aider à s’implanter dans les territoires.
Cette feuille de route, en réalité, est celle qui pourrait nous accompagner des élections régionales de 2015 à la séquence des élections locales (qui se tiendront toutes la même année) en 2020… En passant par la présidentielle et les législatives de 2017 et les européennes de 2019.
Nous sommes convaincus que dans ce contexte de chamboulement politique, notre espace politique est potentiellement immense.
Nous avons pour cela besoin de sortir de notre torpeur et de débats internes stériles, opportunément entretenus…
Tout comme sont entretenus d’ailleurs les conflits de personnes et d’égos…
Si, comme nous le pensons, une large majorité de militant-es se retrouvent dans la volonté de construire cet espace politique ambitieux et radical de l’écologie, nous souhaitons nous mettre collectivement au travail autour de ces objectifs politiques et organisationnels partagés.
Cette « écologie debout », c’est l’écologie qui rassemble, qui convainc et qui gagne.
On essaye?
Annexe:
De la spéculation sur la faiblesse d’EE-LV
Nous plaidons donc pour affirmer une écologie forte, fière d’elle-même et convaincue de sa capacité à convaincre, à gagner et à exercer le pouvoir.
Nous refusons cette tendance qui voudrait nous conduire à nous excuser d’être nous-mêmes.
Cette tendance s’exprime par les dénigrements incessants, et publics, de nos capacités à faire et à prendre les bonnes décisions.
Elle s’exprime également par la volonté d’émousser, amoindrir, arrondir, les saillances et la radicalité de notre projet, comme si un projet écologiste crédible se devait d’être socialo-compatible.
Elle s’exprime aussi par la caricature qui ferait des écologistes exigeant-es des radicaux gauchistes.
Elle s’exprime enfin par le déni de nos scores réels. L’affirmation selon laquelle les écologistes pesaient 2% aux élections départementales est un exemple flagrant du goût, pas désintéressé du reste, pour l’auto-flagellation.
Il faut refuser cette dérive.
Il faut refuser de donner à voir une image de nous-mêmes dévalorisée et donc dévalorisante.
Mais si cette « tendance » existe, c’est qu’il y a une raison, qui ne tient pas à une attirance pour le masochisme…
En effet, il y a la tentation de spéculer sur la faiblesse de notre Mouvement.
Présenter les écologistes comme étant faibles, c’est nous rendre plus réceptif aux arguments qui conduisent aux renoncements.
Répéter que nous sommes en perte de vitesse, en état de mort clinique, c’est nous préparer à accepter les compromissions puisque c’est nous faire intérioriser que notre rapport de force est faible.
Alors bien entendu, il ne s’agit pas d’être aveugle dans la situation actuelle.
Il ne s’agit pas de verser dans la méthode Coué et de nier les difficultés, les erreurs et ainsi nier les progrès que nous devons encore faire collectivement.
Mais il faut être conscient qu’il y a un enjeu stratégique et politique à rabâcher que l’écologie est faible et que notre Parti est nul : celui de nous faire renoncer nous-mêmes à notre radicalité, à nos ambitions et donc, de fait, à l’exercice réel du pouvoir.
Car ce n’est pas le moindre des paradoxes que ceux-là même qui nous invitent à être plus réalistes et responsables dans notre approche du pouvoir sont les mêmes qui, de fait, nous répètent sans cesse que nous devrions être plus souples dans nos exigences vis-à-vis du pouvoir.
Premiers et premières signataires :
Alcorta Martine (Aquitaine), Auroi Danielle (Auvergne), Bénard Gilles (Île de France), Benbassa Esther (Île de France), Berthou Aurélien (Île de France), Bezli Fatima (Auvergne), Bock Michel (Île de France), Bourguet Zina (Languedoc-Roussillon), Contassot Yves (Île de France), Cormand David (Haute-Normandie), Da Lage Jean-Luc (Île de France), Faucheux Benoit (Centre), Garet-Cortial Nadine (Champagne-Ardenne), Grandjean Denis (Provence Alpes Côte d’Azur), Herpin Jean-Sébastien (Centre), Hispa Dorian (Provence Alpes Côte d’Azur), Langevine Agnès (Languedoc-Roussillon), Le Tallec Michèle (Bretagne), Lotode Ludovic (Savoie), Lotteau François (Bourgogne), Maurice Antoine (Midi Pyrénées), Meirieu Philippe (Rhône Alpes), Monod Claire (Île de France), Persico Simon (Île de France), Rod Didier (Midi Pyrénées), Rondepierre Daniel (Auvergne), Rousseau Sandrine (Nord-Pas-de-Calais), Sas Eva (Île de France), Satouri Mounir (Île de France), Saubusse Sébastien (Aquitaine), Sendra Marc (Provence Alpes Côte d’Azur), Tondelier Marine (Nord-Pas-de-Calais),