Conseil de Toulouse Métropole du 14 octobre 2021
S’il y a un intérêt à la présentation concomitante du rapport développement durable 2021 et du débat d’orientations budgétaires 2022 de Toulouse Métropole, c’est de permettre de se rendre compte qu’aucun lien n’est fait entre les deux…
Le rapport développement durable devrait être un outil d’analyse transversale des politiques publiques au regard des finalités du développement durable : la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, des milieux et des ressources, l’épanouissement de tous les êtres humains, la cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre générations, les dynamiques de développement suivant des modes de production et de consommation responsables.
Les années changent, mais le rapport développement durable, lui, ne change pas.
François Chollet, Vice-Président de Toulouse Métropole en charge de l’écologie, nous présente en 2021 toujours les mêmes sujets qu’en 2020.
Et il serait pertinent que la présentation du rapport décline les 5 finalités du développement durable pour obliger à cette transversalité de l’analyse de nos politiques publiques. Pour l’instant, il n’est qu’un catalogue quasi constant, fait d’actions passées ou bonnes intentions incertaines. Le covid ne peut pas tout justifier.
Quasiment aucun indicateur n’est présenté. Comment peut-on analyser nos politiques publiques et leur efficacité sans outil pour cela ?
Alors que cela devrait être un outil prospectif et éclairant pour notre débat d’orientations budgétaires, ce rapport développement durable montre que Jean-Luc Moudenc navigue à vue au moment où plus que jamais nous devons changer de braquet pour répondre aux urgences écologiques exprimées par le dernier rapport du Giec.
Deux focus sur les enjeux majeurs pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à 2008 et réduire de 20% nos consommations d’énergie par rapport à 2016 (engagements pris dans le Plan Climat Air Energie Territorial) :
Transports : Développer les alternatives à la voiture individuelle
Les transports représentent plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre (GES) de notre territoire.
Vous mettez en avant l’augmentation de l’utilisation des transports en commun, mais l’enjeu, c’est la part modale des alternatives à la voiture individuelle au global…
Or, une étude de l’INSEE sortie hier nous indique que 7 toulousains sur 10 prennent la voiture encore.
Quels projets de transports en commun structurants nouveaux ? Aucun depuis 7 ans, le téléphérique Téléo arrive enfin début 2022 avec du retard encore, la 3ème ligne reste toujours un projet à une date incertaine, et pendant ce temps, seuls des transports en commun en moins sont à prévoir : une partie de la ligne de tramway va être arrêtée 3 ans, des lignes de bus suspendues ou déviées…. l’avenir nous promet que des reculs.
Quelle politique vélo ? Pour réaliser le schéma directeur cyclable que la majorité de Jean-Luc Moudenc a elle-même voté, il faut 50 millions par an soit 600 millions d’euros sur le mandat; Jean-Luc Moudenc en propose près de 4 fois moins.
Quelle action contre la pollution de l’air en cette journée nationale pour la qualité de l’air ?
Les dernières données de l’OMS mettent Toulouse dans le rouge : les chiffres Atmo Occitanie 2020 montrent que la concentration annuelle de particules fines PM2,5 atteint désormais le double de la valeur limite pour la santé et celle du dioxyde d’azote NO2 atteint le triple de la valeur limite pour la santé. Aujourd’hui, 100% de la population est exposée à une pollution chronique aux particules fines et 80% de la population est exposée à une pollution chronique au dioxyde d’azote. La sécurité sanitaire n’est pas assurée. Pendant ce temps, la Zone à Faible Emissions n’avance pas, mais surtout les solutions alternatives à la voiture individuelle non plus.
En séance du Conseil de métropole, le Vice-Président en charge de l’écologie François Chollet était de façon inquiétante pas au clair sur ces enjeux : il a indiqué ne pas savoir ce qu’était le rapport d’ATMO Occitanie, alors même que sa responsabilité le conduit à présenter chaque année la convention de notre collectivité avec ATMO qui le demande, estimait que les nouvelles valeurs de référence de l’OMS étaient « jusqu’au boutistes » et « dangereuses si elles étaient catastrophistes ». Cette remise en question d’analyses d’une légitime et indépendante organisation internationale et ce déni de la réalité du danger pour la santé de la population toulousaine de la pollution de l’air n’est pas rassurante pour la suite et l’action qui sera menée…
Energie : agir enfin sur la sobriété et efficacité énergétique
Nous devons baisser la consommation de 20% par rapport à 2016 mais nous ne savons pas si consommations d’énergie baissent depuis 2017…qui est le dernier chiffre connu. Nous craignons que ces consommations continuent d’augmenter. En revanche, nous sommes certains que ces consommations d’énergie augmentent pour les bâtiments de la collectivité : +15% entre 2016 et 2019 et +1,2% entre 2019 et 2020.
Les objectifs de la rénovation énergétique ne sont pas au rendez-vous non plus : 2500 rénovations/an est notre engagement. La moyenne connue est de 1900 rénovations/an de 2017 à 2019 et il est à craindre qu’en 2020 cela n’ait pas été mieux.
La lutte contre la précarité énergétique ne concerne que 56 ménages sur 25000 = 0,2%. En 2019 seulement 6 logements d’habitat indigne, 5 logements pour le maintien à domicile et 740 logements réhabilités… ces chiffres sont ridicules au regard des enjeux.
A quand le changement de cap vers la transition écologique ?
Nous attendons avec impatience les résultats de l’avancement du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) dont nous ne pouvons que craindre qu’il ait des mauvais résultats au regard des engagements pris et des éléments que j’ai détaillés précédemment. Le choix du Président de Toulouse Métropole de nommer un nouveau Vice-Président dédié à la déclinaison de ce PCAET auprès des communes témoigne probablement de ces mauvais chiffres et de la nécessité de changer de braquet…
Finalement, l’illustration aussi symbolique qu’éclairante de la politique écologique de jean-Luc Moudenc est le débarquement de son Vice-Président au vélo de ses responsabilités. Lors de la campagne électorale, la recrue de Philippe Perrin avait été présentée aux toulousains comme devant participer au « sursaut écologique pour une ville plus respirable et plus agréable au quotidien ». Au bout d’un an, nous constatons que le sursaut était en réalité un saut dans le vide et que « l’action écologique réaliste » promise est une action non écologique, de manière réaliste.
Mais nous ne nous résignons pas et restons force de propositions. C’est pourquoi à la fin de ce conseil, nous présenterons un voeu pour un plan d’action d’urgence climatique sur le volet transports et bâtiment que j’ai évoqué précédemment, avec des propositions concrètes et des orientations qui nous permettraient de changer de braquet, d’ouvrir une nouvelle trajectoire qui nous permette de répondre aux engagements pris pour réduire nos émissions de GES et consommations d’énergie.
Ainsi, nous espérons que notre métropole s’engagera enfin dans la nécessaire transition écologique.