Élu Écologiste à Toulouse

Pour une ville digne, écologique et solidaire

Propos liminaires au nom du groupe Toulouse écologiste et solidaire lors du Conseil municipal du 28 novembre 2024

Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élu.e.s, Mesdames et Messieurs,


Des finances locales sacrifiées : les choix austéritaires de Jean-Luc Moudenc

Le gouvernement de Michel BARNIER a pris la décision d’amputer les ressources des collectivités territoriales de 10 milliards d’euros dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Pour la ville de Toulouse, l’impact représente une baisse du budget de 23,5 millions d’euros et pour Toulouse Métropole, les pertes s’élèveraient à 45 millions d’euros. Michel BARNIER fait peser l’effort sur les collectivités, qui ne sont pas responsables du dérapage budgétaire de l’Etat.

Nous dénonçons fermement ces coupes budgétaires arbitraires, qui mettent en péril la capacité de la collectivité à assurer la qualité des services publics locaux indispensables à la solidarité et à la cohésion sociale et à investir dans la transition écologique. Loin de s’opposer à ces ponctions injustes, M. le Maire, vous en prenez acte et même donnez votre aval aux choix du gouvernement, si on écoute la vidéo envoyée mardi auprès de tous les agents de notre collectivité.

Nous aurons l’occasion de l’évoquer dans ce conseil mais plutôt que de défendre les intérêts des Toulousains, M. le Maire, vous choisissez de dissimuler l’impact réel de cette austérité dans un budget insincère. Derrière cette façade de statu quo, vous nous proposez à l’ordre du jour des subventions aux associations culturelles, sportives massivement réduites, -40 et -20%. Et on sait déjà qu’à la métropole, vous comptez sacrifier également la transition écologique, avec par exemple une baisse de la subvention à la Maison du Vélo de -40% également.

Ces annonces mettent en péril de nombreuses structures historiques de notre ville. Un exemple, le théâtre du Grand Rond qui annonce des difficultés et avec une telle baisse, il fermera définitivement ses portes en juillet 2026. Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres.

Par ailleurs, vous continuez à dilapider le patrimoine communal, que cela soit des bâtiments comme la maison des associations aux Carmes ou du foncier comme les golfs de la Ramée et du Téoula, soit 118 hectares.

En + de vos choix budgétaires, vous vous attaquez aussi directement aux agents de la collectivité, annonçant le gel des recrutements et un redéploiement supplémentaire de postes (à la suite de Proxima). Pour les ATSEM, la réorganisation annoncée impliquera une durée de travail de 8h45 qui aura un impact sur la santé des agent-e-s et sur la qualité de l’accueil des enfants dans nos écoles.

Ces choix révèlent vos priorités M. Moudenc : sacrifier la culture, le sport, l’éducation, la transition écologique. Toulouse mérite mieux qu’un tel abandon.


Démocratie environnementale : redonner le pouvoir aux citoyens

La Ligue des Droits de l’Homme a récemment pointé les graves insuffisances de la démocratie environnementale dans 11 projets d’aménagement de notre agglomération. Les principes de la Convention d’Aarhus – accès à l’information, participation publique et justice – sont bafoués.

Les concertations publiques, quand elles existent, arrivent après les décisions majeures et se réduisent à des exercices de communication. Les collectifs citoyens, comme ceux mobilisés contre la chaufferie biomasse ou les boulevards urbains, dénoncent un manque de dialogue réel. Ce mépris alimente défiance et frustration.

Nous proposons une refonte de la démocratie participative à Toulouse :

  • Transparence dès le départ : des consultations ouvertes avant toute décision.
  • Comités citoyens indépendants pour contrôler les engagements pris.
  • Renforcer l’accès à l’information : chaque habitant doit pouvoir s’impliquer pleinement dans les projets de son quartier.

Redonnons confiance aux Toulousains et le pouvoir de construire la ville qu’ils souhaitent.

Une indifférence face à l’injustice internationale

Dans un registre différent, nous ne pouvons ignorer la situation alarmante du capitaine Paul Watson, militant écologiste de 73 ans, incarcéré au Groenland et menacé d’extradition vers le Japon pour son opposition à la pêche illégale des baleines. Sa vie est en danger.

Alors que de nombreuses villes, dont Nice, ont affiché leur soutien en projetant un message sur leur façade municipale, vous avez refusé notre demande, Monsieur le Maire, d’en faire autant au Capitole. Ce silence est d’autant plus regrettable qu’il prive notre ville d’un geste symbolique fort en faveur de la justice environnementale et des droits humains. Nous appelons le gouvernement à intensifier son action diplomatique pour obtenir la libération de Paul Watson, ainsi que l’asile politique et la nationalité française qu’il réclame.

Des enfants à la rue : une honte qui appelle à l’action

Enfin, comment rester indifférents face à la situation des enfants et des familles sans-abri dans notre ville ? L’an dernier déjà, je vous alertais sur les près de 300 enfants scolarisés à Toulouse sans domicile fixe. Aujourd’hui, l’hiver approche, et la situation est toujours aussi préoccupante.

Que fait la municipalité ? Rien, ou presque. Pire, lorsqu’un collectif de citoyens et d’enseignants occupe des écoles ou des lieux pour offrir un refuge temporaire à ces enfants ou ces personnes, la première réaction du Maire est de demander leur expulsion et des sanctions. Ce cynisme est indigne.

D’autres villes montrent qu’il est possible d’agir. À Strasbourg et dans le Grand Lyon, des tiny houses offrent des solutions dignes et temporaires. À Grenoble, la municipalité finance directement des places d’hébergement d’urgence. Pourquoi Toulouse ne s’en inspire-t-elle pas ? Nous demandons que la ville mobilise ses bâtiments vacants et collabore pleinement avec la Préfecture pour garantir qu’aucun enfant ne dorme dehors cet hiver.

Ce n’est pas une utopie, mais une exigence de dignité et de justice. C’est aussi une question de choix politiques.

L’affaire Samir Hajije et la trumpisation de la vie politique locale

Monsieur le Maire, les récents événements autour de l’affaire Samir Hajije et vos déclarations qui s’en sont suivies illustrent une dérive grave de notre vie politique locale.

Vous avez choisi d’instrumentaliser cette situation avec des mots d’une violence inouïe :

  • concernant la CGT, « intolérance », « sauvagerie », des mots graves pour remettre en question leur gestion de la Bourse du Travail, un lieu historique de démocratie sociale à Toulouse.
  • concernant l’agression dont aurait été victime M. Hajije : « violemment tabassé », « violemment agressé » alors que la justice a classé sans suite sa plainte ;

Ces mots sont imprudents et irresponsables. Vous ne défendez pas la vérité, mais polarisez et divisez.

Nous assistons à une instrumentalisation des faits, une manipulation des émotions et un détournement des mots de personnes ne pensant pas comme vous.

Cette stratégie est indigne d’un maire d’une ville comme Toulouse.

Ces méthodes, dignes de Trump et de l’extrême droite, ne font que fragiliser le débat démocratique.

Les élus sont parfois agressés, menacés. En dévoyant ces mots et ces actes, vous banalisez ces dangers réels. Vous ne portez pas la responsabilité qui incombe à votre fonction, et cela montre, M. le Maire, que vous perdez pied.

Toulouse mérite mieux que ces pratiques qui fracturent et divisent. Nous resterons pour notre part toujours du côté de l’apaisement. Les élus doivent être exemplaires. Nous appelons à un débat digne et respectueux, à la hauteur des attentes des Toulousaines et Toulousains.


Construire une ville juste, écologique et solidaire

Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, derrière ces crises, une question essentielle se pose : quelle vision portons-nous pour Toulouse ?

Nous refusons une ville où les choix budgétaires sacrifient les solidarités, l’écologie et les services publics. Nous refusons l’indifférence face à la souffrance humaine. Nous refusons des méthodes politiques qui divisent et manipulent.

Toulouse doit être un rempart contre le populisme, un modèle de justice sociale et écologique. Cela exige du courage et une volonté politique ferme.

Nous devons faire de Toulouse une ville qui protège, rassemble et bâtit un avenir meilleur pour toutes et tous. Cela restera le sens de notre engagement pour Toulouse.

Je vous remercie.

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Antoine Maurice

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