La grève des policiers municipaux toulousains qui, après la levée du plan Vigipirate écarlate, ont refusé d’être désarmés en journée, a suscité un écho inédit dans la presse ces derniers jours.
Le traumatisme des attaques terroristes de Toulouse et de Montauban y est bien sûr pour beaucoup.
Mais nous aurions tort de ne pas voir dans cette crise la manifestation d’un malaise plus profond qui traverse la profession.
Il s’agit là d’une nouvelle manifestation du manque de reconnaissance des policiers municipaux et de l’absence d’une doctrine claire en matière de gouvernance locale de la sécurité.
En terme de reconnaissance, force est de constater que les agents de police municipale sont trop souvent réduits à de simples supplétifs des fonctionnaires de police et des gendarmes.
Ce rôle est d’ailleurs assumé par le gouvernement sortant, qui planche sur l’armement obligatoire des policiers municipaux, ce même gouvernement qui diminue d’autant ceux de la police nationale, là où les villes augmentent à marche forcée leurs effectifs de police municipale.
Les élus locaux le savent, la véritable question n’est pas l’armement ou non de toutes polices municipales, mais la reconnaissance du métier.
Le policier municipal doit être un acteur incontournable de la sécurité.
Cela passe inévitablement par un certain nombre d’avancées sociales, par une revalorisation des carrières, mais aussi par l’adoption d’une nouvelle loi cadre concernant le corps des agents de police municipale.
N’oublions pas que les polices municipales interviennent dans le cadre de la gestion de l’espace public.
Les policiers municipaux sont des agents de paix publique et viennent conforter le rôle que jouent les agents de médiation.
C’est bien le sens du travail qu’a engagé notre municipalité, notamment en clarifiant les responsabilités entre police municipale et police nationale au sein du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD).
Si, à l’occasion de certaines de leurs missions, la Police municipale recherche le concours de la police nationale, la lutte contre la délinquance ne doit pas être de la responsabilité de ces agents de tranquillité publique.
C’est pourquoi les récentes propositions qui visent à enlever aux maires leur responsabilité sur leurs agents, en matière de recrutement et d’armement, sont inacceptables.
Si l’on veut donner aux polices municipales le même rôle que la police nationale dans la lutte contre la petite et moyenne délinquance, il faut faire preuve de cohérence et aller vers une fusion des corps.
Si on leur reconnaît une mission de tranquillité publique et de prévention de la délinquance, alors, faisons-le dans les termes définis par l’autorité municipale.
Par ailleurs, le thème de la sécurité ne peut se résumer aux seules forces de l’ordre.
Il est indispensable de poser des questions de fond quant à la future place des collectivités locales en matière de sécurité et de prévention.