Intro générale : le rapport développement durable, besoin d’indicateurs
Tout d’abord, je suis étonné M. le Maire que vous ne présentiez pas vous-même ce rapport. Après M. Chollet, conseiller délégué à la qualité de l’air, cette année c’est M. Riquet, conseiller délégué aux espaces verts qui le fait. En début de mandat, vous aviez indiqué pourtant que vous prendriez en charge vous-même la politique de développement durable, qui devait être la preuve de votre engagement pour cette question. 3 ans après, vous confirmez donc que votre engagement était donc comme votre rapport, de la communication.
Cette année, votre rapport est particulièrement faible en termes de précisions sur les réalisations et les chiffres, sans parler de votre confusion entre ce qui est fait par la ville sur ses compétences, avec ce qui est porté par la métropole.
Ce rapport devrait permettre de rendre compte de cette évaluation pour éclairer le débat d’orientations budgétaires qui doit obligatoirement être après ce rapport développement durable.
A ce sujet, pour véritablement éclairer le débat, cela mériterait d’être fait dès juin, au moment du compte administratif, pour analyser l’ensemble du bilan, financier et de la politique de développement durable, afin d’ouvrir le nouveau cycle budgétaire. Ainsi, entre juin et le moment du débat d’orientation budgétaire, le rapport développement durable pourrait être pris en compte dans le travail mené pour les nouvelles orientations budgétaires. C’est une proposition que nous vous faisons pour l’avenir.
Par ailleurs, pour évaluer, il faut des indicateurs.
Or, que cela soit les 17 objectifs développement durable articulés en 169 cibles, ou votre propre plan climat air énergie, qui proposait 83 fiches et 240 indicateurs, vous ne reprenez rien de cela.
Le tableau général des indicateurs de suivi qui avait été mise en place dans le précédent mandat reste absent. On retrouve éparpillés une dizaine d’indicateurs, quasiment que des indicateurs de résultat et pas d’impact, et surtout beaucoup d’indicateurs d’évolution en pourcentage, pour donner l’illusion que l’on avance beaucoup.
Le principal indicateur, celui de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, reste absent. Nous savons déjà que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire par une baisse de nos émissions de seulement 9% et votre nouveau plan climat ne permet toujours pas d’atteindre les objectifs que nous avons toutes et tous adoptés de baisse de 40% des émissions de GES d’ici 2030.
Une idée serait de reprendre comme boussole les 17 objectifs Développement Durable.
L’analyse proposée par la ville de Lyon par exemple est représentée par une roue ou boussole, qui permet de visualiser le nombre d’objectifs développement durable impactés ainsi que le niveau d’impact par rapport au socle de référence des 17 ODD pris collectivement. Cela permet de réellement voir la transversalité dans toutes les politiques menées… ou pas.
Le rapport sur la situation en matière de développement durable de Lyon présente les 24 politiques publiques du plan de mandat de la Ville (2020-2026). Elles correspondent aux 24 délégations des adjoints et conseillers délégués de l’exécutif municipal. Par ce choix, la Ville de Lyon affirme que les enjeux de transition écologique, de justice sociale et de démocratie découlent d’une vision politique et ne peuvent s’en affranchir.
Ce n’est visiblement pas votre choix.
Quelques focus thématiques issus du rapport sur votre bilan :
- ENERGIE : l’efficacité énergétique, pilier
Nous sommes en état d’ébriété énergétique. Pour engager la transition énergétique, il ne suffit donc pas de développer les énergies renouvelables, ce que vous mettez essentiellement en avant avec les projets de photovoltaïque et réseaux de chaleur.
Surtout, l’enjeu est sur la sobriété et l’efficacité.
Vous évoquez dans ce rapport essentiellement le travail intéressant mené par la maison de l’énergie en direction des habitants. Il serait utile d’avoir des chiffres sur l’isolation des logements : nombre, impact évalué sur les réductions d’énergie.
Par ailleurs, en la matière nous devons d’abord être exemplaire au sein de la collectivité.
Or, sur la consommation, la collectivité ne baisse pas, +1% entre 2021 et 2022 la consommation énergétique de ses bâtiments. Il manque donc une politique de sobriété efficace.
Cette année, vous n’évoquez rien dans le rapport développement durable concernant la réhabilitation énergétique de la collectivité.
Or, un plan de réhabilitation énergétique de nos bâtiments municipaux devrait s’engager et être priorisé dans la PPIM.
- TRANSPORTS
Si l’on se focalise sur les modes actifs,
- LA PIETONISATION
Le rapport développement durable démontre que la piétonisation avance peu. Vous ne donnez pas les chiffres bruts pour masquer le ridicule des augmentations en pourcentage, de 3% des aires piétonnes entre 2021 et 2022 (après +2% l’an dernier). Sur ce sujet, votre vision reste limitée à quelques projets intéressants mais symboliques, la rue de Metz, la grande rue St Michel et le pont St Pierre…. Après 9 ans de mandat, quand les autres grandes villes de droite comme de gauche ont déjà engagé celle-ci depuis + de 10 ans, Toulouse devrait avoir une stratégie globale et cohérente, tant pour le centre-ville que les faubourgs…
- Le VELO
Le schéma directeur cyclable que vous avez fait adopter en 2019 affiche une ambition de 1000 km en 10 ans, ce qui donne en moyenne 600 km à l’échelle de ce mandat, soit environ 100 km par an, à l’échelle de la métropole, et au donc au moins 50 km par an pour la ville de Toulouse, si ce n’est +.
Entre 2020 et 2021, vous aviez réalisé 3 km de pistes cyclables nouvelles, soit 16 fois moins que le rythme que vous devriez réaliser.
Entre 2021 et 2022, vous avez réalisé 5,8 km de pistes cyclables nouvelles, soit 2 fois + par rapport à l’an dernier, mais toujours 8 fois moins que le rythme que vous devriez réaliser.
Vous communiquez sur un x 2 du budget vélo, la réalité est que votre réalisation c’est divisé par 8 par rapport à votre schéma directeur cyclable !
Vous avez beau jeu d’afficher encore la belle carte du réseau de REV, cela restera dans ce mandat encore un dessin, et un rêve pour les cyclistes et futurs cyclistes de l’agglomération puisqu’au bout de 9 ans de mandat, vous lancez à peine la concertation, et ne réaliserez donc pas cette promesse de 2014 à l’horizon 2026.
Il est temps d’appuyer sur la pédale pour accélérer.
- NATURE EN VILLE
Nous avons vécu cet été à nouveau une canicule qui a démontré l’urgence d’agir en matière de végétalisation, création de véritables ilots de fraîcheurs et de plantation d’arbres centenaires de demain en plein sol plutôt que des arbres en pot.
En 2021, vous prétendiez avoir planté 15552 arbres.
Cette année, le rapport ne détaille pas le chiffre de l’année de l’année ni le type de plantations… milieu naturel, micro-forêt… ou en pots.
Quant aux arbres abattus, vous n’en parlez pas comme je l’évoquais en liminaire.
Or, un arbre centenaire joue un rôle de climatiseur par l’ombre et fraîcheur produite, ce qui ne peut pas être le cas de 2 ou même 10 jeunes plants d’arbres qui mettront des dizaines d’années pour pouvoir jouer leur rôle de climatiseur. Donc l’enjeu est bien de préserver les arbres anciens pour s’adapter au dérèglement climatique à l’œuvre dès aujourd’hui.
Votre communication évoque quelques exemples concrets de plantations ici ou là, c’est intéressant mais cela masque mal le manque de transparence sur ce qui est fait, et l’absence de stratégie pour retrouver des espaces de pleine terre, à part peut-être dans quelques cours d’école… à suivre.
En matière de rafraîchissement, il y a matière à agir. Outre planter des arbres dans des espaces de pleine terre suffisants à leur épanouissement.
On sait par exemple que les plans d’eau et de rivières ont des effets considérables sur la température, entre -6°C et -7°C, il nous faut donc faciliter leur accès…le grand parc Garonne que nous avions initié et que vous poursuivez, peut y contribuer, comme le Canal du Midi qui mérite de ne pas attendre l’arrivée de la 3ème ligne de métro pour rendre ce lieu au cœur de la ville accessible aux habitants, alors qu’il est aujourd’hui surtout une voie rapide qui traverse la ville.
Le déploiement de fontaines est aussi un dispositif qui pourrait permettre de faire diminuer la température ambiante d’environ 1°C. De même, le déploiement de brumisateurs a un effet conséquent (entre -3°C et -5°C) = nous pourrions déployer des fontaines à eau modernes qui servent à la fois à combler la soif des passants mais aussi à brumiser l’air ambiant.
Conclusion : changeons de trajectoire pour Toulouse
En conclusion, votre rapport est cette année particulièrement faible, tant en terme de contenu que d’indicateurs de résultat.
Il se résume trop à une plaquette de communication plutôt qu’être un outil pour orienter la trajectoire d’adaptation et de lutte contre le dérèglement climatique, vers un changement clair de modèle de développement pour plus de justice sociale et environnementale.
D’ailleurs, l’ADEME qui faisait un bilan récemment de son action et accompagnement des métropoles, disait que notre métropole toulousaine est « moins avancée dans son processus de transition écologique que d’autres villes françaises comme Bordeaux, Nantes, Rennes ou Grenoble ». « Notre objectif est de vite arriver à leur niveau », confiait la directrice régionale de l’Ademe Occitanie. C’est le nôtre aussi.
Accélérons et donnons du sens.