Élu Écologiste à Toulouse

Sauver l’économie : mais quelle économie ?

Sans surprise, le Président de la République a annoncé jeudi un confinement de la population pour un mois minimum. L’information était attendue. Et aurait pu arriver plus tôt si le Président de la République et le gouvernement Castex n’avaient pas tant tardé à prendre les décisions qui s’imposaient. Dans le souci des habitant.e.s et de leur santé. 

Des décisions trop tardives

Il faut donc saluer le fait qu’enfin des décisions soient prises pour faire face à cette deuxième vague. Mais dans le même temps regretter qu’elles le soient si tardivement et de façon aussi mal préparée.

Pour l’heure, on ne peut que constater une impréparation peu à même de rassurer sur les capacités de l’exécutif à gouverner ce pays.

Souvenons-nous que, interrogé sur le sujet, Emmanuel Macron affirmait le 14 juillet dernier, être fin prêt pour l’arrivée de cette deuxième vague. Et jugeons sur faits. Il faut saluer que des décisions soient prises. Mais on ne peut s’empêcher de constater une contradiction majeure dans ces annonces. La deuxième vague est annoncée comme beaucoup plus violente et meurtrière que la première en raison, je cite,  d’« un virus qui semble gagner en force » avec la baisse des températures. Pourtant, en laissant une partie de l’appareil de production à l’œuvre sans que celui-ci ne ni soit vital ni prioritaire, en maintenant ouvertes les usines, bref, en sacrifiant une partie de la population sur l’autel du sauvetage du PIB, l’exécutif décide de ne pas protéger l’ensemble de la population.

Panser le présent et penser l’avenir

On se souvient que dès la fin de la première vague, alors même que nous étions loin d’être venus à bout de cette pandémie, le gouvernement a repris le cours normal de sa politique. Très vite par exemple, des baisses d’impôt étaient annoncées. Alors que les services publics ont fait la preuve s’il le fallait, de combien ils étaient précieux et indispensables en ces temps de crises. Très vite encore on parlait de relance, alors que là aussi la crise montrait la nécessité d’au minimum réfléchir à un modèle économique capable de résister : moins consommateur, plus frugal, en un mot plus résilient. Ironie du calendrier, alors que la France se reconfine, un rapport sur les pandémies, publié par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), préconise,  pour lutter contre ces pandémies qui s’annoncent de plus en plus rapprochées et violentes, de changer radicalement de modèle économique : « l’expansion et l’intensification de l’agriculture, le commerce, la production et la consommation non durables, perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune, le bétail, les agents pathogènes et les humains. C’est la voie vers les pandémies » souligne le rapport cité par Le Monde

Si le temps de la crise n’est pas celui de la reconstruction, il est nécessaire de commencer à penser ce « monde d’après » que nous étions nombreuses et nombreux à appeler de nos vœux au printemps dernier. Nul indice d’une telle réflexion dans les actions de ce gouvernement à l’horizon bouché.

Une vision écologiste

À cette approche court-termiste, préférons une vision écologiste ! Les temps incertains que nous reviennent doivent nous inciter à penser l’après. Ce « monde d’après », plutôt que de rester incantation, doit devenir réalité si nous ne voulons pas voir ces crises se multiplier de façon incontrôlable. 

Aider aujourd’hui les acteurs de l’économie est une nécessité. Mais les accompagner dès aujourd’hui vers un monde économique en transition, capable de résister aux crises à venir est tout aussi urgent et responsable. 

  • L’expérimentation d’un revenu garanti pour les populations les plus vulnérables  ou rendues vulnérables par la crise. On pense particulièrement aux artistes non bénéficiaires du régime de l’intermittence. 
  • L’accompagnement des acteurs de la production vers une économie de transition écologique: des aides et dispositifs dédiés doivent être inventés et appliqués dans tous les secteurs écologiquement nuisibles.
  • Une entrée en transition ambitieuse de notre agriculture est une priorité si nous souhaitons à la fois limiter les risques épidémiques et offrir à toutes et tous une alimentation de qualité.
  • Enfin, nous devons changer les pratiques des grands groupes et les contraindre, particulièrement en ces temps de crise à transformer les dividendes de leurs actionnaires en « argent vivant » qui viendra nourrir l’investissement dans la transition des outils et manière de produire. 

Ces solutions sont-elles utopiques ? Oui si l’on considère les utopies comme des moteurs d’évolution puissants et ces évolutions sont aujourd’hui nécessaires si nous voulons sortir de cette crise mortifère par le haut et faire de la résilience face aux autres crises qui viennent, une des caractéristiques fortes de nos  modèles de société. 

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Antoine Maurice

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