Toulouse pour quelques-uns et Toulouse qui étouffe

Propos liminaires au nom du groupe « Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne » au conseil municipal du 1er juillet 2022

Une victoire de la NUPES à Toulouse

Je veux commencer mon propos en évoquant la séquence politique qui vient de se terminer et qui ouvre un nouveau paysage politique à Toulouse.
En effet, je tiens à féliciter tous les candidats NUPES aux législatives qui ont défendu avec force nos idéaux pour plus de justice sociale et pour relever le défi écologique. Au nom de mon groupe et je crois de toute l’opposition :

• Félicitation à Hadrien Clouet qui a dû se battre contre une dynastie plus qu’un programme
• Félicitation à Anne Stambach-Terrenoir dont je sais qu’elle partage notre engagement écologiste
• Félicitation à François Piquemal, notre camarade du Conseil municipal qui nous manquera mais qui saura mener nos combats communs à une autre échelle
• Félicitation à mon amie écologiste Christine Arrighi, qui enregistre le meilleur score toulousain de la NUPES sur la partie Toulousaine de sa circonscription, avec 64,31% des voix !
  4 députés de gauche sur 5 à Toulouse, on ne peut pas dire qu’il faisait bon être soutenu par la majorité municipale pour gagner ces élections. Et je veux aussi avoir un mot particulier pour notre camarade du conseil Agathe Roby, qui s’est vaillamment battue dans la 3ème circonscription, que nous savons largement acquise à la droite depuis longtemps, et réussissant à arracher un 2nd tour !
  100% des adjoints au Maire qui étaient candidats ont été sèchement battus dès le 1er tour. C’est un camouflet pour cette majorité municipale et vous qui vous êtes beaucoup impliqué pour les soutenir ou faire barrage aux candidats de la NUPES.
  Les résultats sont clairs : avec 57,73% pour la NUPES en moyenne, les ToulousainEs ont massivement rejeté le projet politique des droites des Républicains et de M. Macron.
  Vous ne pouvez pas faire comme si de rien était. Vous devez en tenir compte !

L’inflation et l’appel au sursaut climatique

L’actualité est aussi marquée par les épisodes de canicule que nous avons subis récemment et qui nous ont rappelé le réchauffement climatique déjà à l’œuvre face auquel nous devons agir pour nous adapter.
Le Haut-Conseil pour le climat vient de rendre son avis et appelle à un sursaut de l’action climatique dans notre pays en pointant des risques majeurs liés au non-respect de nos engagements de diminution de gaz à effet de serre…
L’actualité est également marquée par une inflation importante qui vient accentuer la baisse du pouvoir d’achat, et disons-le du pouvoir de vivre, de nombre de nos concitoyens, dans un contexte d’inégalités sociales toujours plus accrues entre les riches toujours + riches, et les classes moyennes et modestes toujours + pauvres.
Comment (ré)agissez-vous face à ces enjeux sociaux et écologiques ?

L’inaction sociale pour améliorer le pouvoir de vivre des Toulousains : Toulouse pour ceux qui vont bien

Concernant le pouvoir de vivre, et les enjeux sociaux, on ne peut pas dire que vous cherchiez à le faciliter…

• vous n’avez rien trouvé de mieux que d’annoncer récemment une augmentation des tarifs de Tisséo qui touchera notamment les tarifs solidaires donc davantage encore les plus modestes !
• vous nous proposez de nouveaux critères d’attribution des places en crèche qui n’intègrent toujours pas le critère revenus pour plus de justice sociale et d’accès aux plus modestes aux crèches municipales
• vous ne donnez pas les moyens à nos écoles et crèches de bien fonctionner pour bien accueillir nos petits toulousains, et notamment celles et ceux qui en ont le plus besoin ; nous aurons l’occasion d’y revenir à travers un vœu pour une ville éducatrice avec des propositions en ce sens.
  En attendant, la mobilisation des professionnels de la petite enfance qui alertent sur un épuisement par manque de moyens, par votre choix de réduire les horaires d’accueil pour les familles, nous rappelle que l’accueil de la petite enfance toulousaine met en difficulté de nombreuses familles comme nos agents.
  Dans nos écoles, que ce soit l’état de locaux vétustes encore très nombreux, des cours d’école comme l’école Reille qui subit une cour bitumisée sans ombre / la sécurité des abords des écoles comme le chemin des Clotasses près de l’école du quartier de Pouvourville qui est un chemin de campagne dans la ville / mais aussi les moyens dans nos écoles : l’absence de présence d’une ATSEM par classe que vous allez accentuer comme le cas de l’école Sylvain Dauriac qui avec le dédoublement à l’œuvre à la rentrée, gardera 4 classes mais perdra une ATSEM… n’est pas à la hauteur des enjeux.
• Pour soutenir celles et ceux qui ne pourront pas partir en vacances cet été, on ne peut pas dire non plus que vous facilitez l’accès par exemple à une programmation culturelle pour tous : de concerts gratuits à pas cher de l’ancien festival « Toulouse d’été », vous proposez désormais (de manière surprenante, nous aurons l’occasion de parler lors de ce conseil) un nouveau « festival de Toulouse » dont les places de concert seront au moins cher à 28€…

L’inaction climatique face à la menace qui pèse sur notre ville : Toulouse étouffe

Face à l’urgence climatique et environnementale que nous rappellent notamment la canicule vécue ces dernière semaines,
Donnons du souffle à notre action pour l’adaptation au dérèglement climatique avec un plan « Toulouse + fraîche » !

A court terme, ouverture des espaces verts 24h/24h (et pas simplement un jardin, le Grand Rond, à 23h, même si c’est un premier pas), ouverture de nos écoles bénéficiant d’espaces verts le soir et WE, élargissement des horaires d’ouverture de nos piscines municipales et de lieux publics où l’on peut rester au frais comme les bibliothèques…

Et engager un plan pluriannuel qui permette de mettre à jour la ville et l’urbanisation face aux évènements météorologiques qui vont devenir la norme.

Il faut un urbanisme qui prenne en compte l’impérieuse nécessité de préserver nos sols (espaces verts/agricoles), or, que ce soit dans les nouveaux projets urbains comme Paléficat qui reste un des derniers poumons naturel et agricole de la ville, ou à l’échelle des quartiers comme la présentation qui nous est faite de la place de l’Europe et le revêtement du sol prévu, nous ne sommes pas à la hauteur de l’enjeu.
Sans attendre le nouveau PLUIH à construire du fait de l’annulation du vôtre, il est temps d’intégrer pleinement la place de la nature dans notre ville :

• Arrêtons les projets anachroniques et climaticides de nouvelles autoroutes comme la Jonction Est et développons de réels parcs comme le long de l’Hers et de Malepère
• Préservons les espaces naturels existants comme la villa des palmiers aux Amidonniers et son parc qui pourrait renforcer la coulée verte
• Stoppons les bouts de gazon tondu, et faisons des prairies urbaines et haies champêtres
• Plutôt que des arbres en pots qui ne grandiront pas, plantons les arbres centenaires de demain dans des sols et milieux naturels pour réellement prévoir des ilots de fraîcheur qui fassent respirer la ville et les Toulousains.

8 ans de mandat… pas de cap et toujours un logiciel des années 80

Cela fait désormais 8 ans que vous êtes Maire de manière consécutive, et 2 ans qu’a commencé ce mandat.
Il y a 1 an, vous faisiez enfin une conférence de presse pour présenter votre projet pour Toulouse, autour de Toulouse plus tranquille, Toulouse plus mobile, Toulouse plus facile à vivre par l’écologie dans les quartiers…
2 ans après : l’insécurité ne faiblit pas, les bouchons augmentent, quant aux pistes cyclables dont vous parlez beaucoup, au-delà de l’affichage d’un budget global, nous sommes loin d’engager un réseau cyclable métropolitain, le REV étant déjà renvoyé aux calendes grecques… quant à la ville plus écologique promise, c’est encore renvoyé à plus tard…

Récemment, un studio de design fiction rendait publique un scénario futuriste qui projetait Toulouse en 2041, après une action volontariste de la ville en matière écologique, permettant ainsi d’explorer le futur pour questionner le présent et construire l’avenir.
Pendant ce temps, vous restez enfermés dans le logiciel des années 80 en gérant Toulouse à la petite semaine, par des petits pas, et pas mal de reculs.
Dessiner un cap, projeter notre ville vers de nouveaux imaginaires pour préparer l’avenir, voilà ce qui continuera à nous animer car il ne suffit pas d’aimer vivre à Toulouse, il s’agit aujourd’hui de le rendre possible, en faisant en sorte que les habitants, aujourd’hui et demain, puissent toutes et tous mieux, et bien vivre à Toulouse.