Élu Écologiste à Toulouse

3ème ligne de métro : l’amateurisme de Jean-Luc Moudenc

Propos liminaires au nom du groupe Toulouse écologiste, solidaire et citoyenne au Conseil municipal du 8 février 2022

Nous nous retrouvons pour le premier conseil municipal de l’année. 

Ex-tra-or-di-naire : nous aurons cette année plus de conseils municipaux que le minimum légal requis ! 

Pour une fois, nous aurons le temps de débattre, d’aborder les sujets en profondeur. C’est ce que nous regrettons dans le fonctionnement de nos conseils municipaux depuis 2014, avec des ordres du jour à rallonge du fait de leur rareté, vous contraignez de fait les temps d’expression des élus par une stratégie d’épuisement, et empêchez de traiter le fond des dossiers. 

Nous appelons à la multiplication des conseils afin de prendre le temps d’examiner avec sérieux les dossiers de notre ville. 

Mais aujourd’hui, alors que l’actualité toulousaine est remplie de sujets qui devraient concerner notre conseil municipal, vous souhaitez nous contraindre à débattre d’un seul et même sujet, le sujet qui vous occupe depuis 2014 et qui peine à avancer : la 3ème ligne de métro. 

Nous aurions pu parler de la précarité des animateurs du périscolaire que vous renforcez par la révision de leur rémunération. 

Nous aurions pu évoquer votre gestion des écoles toulousaines qui vous amène à envisager de fermer une école de quartier de proximité, je parle de la maternelle Port Garaud.

Nous aurions pu parler de l’accueil des mineurs étrangers isolés pour lesquels une mobilisation a permis de reporter leur expulsion de l’ancien Ehpad des Tourelles à court terme, mais dont l’avenir d’un tel lieu d’accueil nécessite la mobilisation de tous les pouvoirs publics à moyen terme.

Mais vous avez fait le choix de ne mettre à l’ordre du jour que le sujet de l’enquête publique de la 3ème ligne de métro. Nous n’acceptons pas cette instrumentalisation du conseil municipal. C’est pourquoi, le groupe Toulouse Écologiste, Solidaire & Citoyenne a souhaité déposer deux vœux, le premier pour aborder nos hôpitaux qui souffrent. La fermeture du service de médecine générale de l’Hôpital Joseph Ducuing est un drame pour la santé des plus fragiles que cet établissement historique de Toulouse accueillait. 

Le second, pour aborder la fermeture de nos bureaux de poste qui s’amplifie, et qui fragilise nos services publics de proximité des quartiers de notre ville. 

Le débat de ce jour ne peut s’extraire d’une analyse plus globale par rapport aux urgences climatiques et sanitaires.

Les scientifiques nous disent l’urgence d’agir fortement et rapidement, en moins de 10 ans, contre le dérèglement climatique. 

Les scientifiques disent aussi l’urgence d’agir pour notre santé en luttant contre la pollution de l’air qui tue.

A Toulouse, les chiffres d’Atmo Occitanie 2020 montrent que notre agglomération est dans le rouge.

A ces chiffres de pollution chronique s’ajoutent les pics de pollution que notre ville vit davantage, notamment ces derniers mois. Stress, maladies, morts prématurées… Tout cela nous rappelle combien la sécurité sanitaire n’est pas assurée à Toulouse.

Le temps presse.

Les scientifiques nous disent l’urgence.

Les politiques ont la responsabilité d’agir.

Les transports représentent sur la métropole toulousaine plus de 53 % des émissions de gaz

à effet de serre. L’enjeu est de les diminuer de 44% d’ici 2030.

Or, le PDU annulé amenait à une augmentation des

émissions de GES de 9% sur le territoire toulousain à l’horizon 2030.

Le Plan Climat Air Energie Territorial dont vous avez présenté le bilan à mi-parcours montre que les émissions de GES ne baisseraient au global que de 9% par rapport à l’objectif de -40%.

En matière de transports, qu’avez-vous fait depuis 8 ans ?

Il y a eu quelques améliorations de lignes de bus existantes (des Linéo), mais concernant le Réseau Express Vélo promis en 2014, rien n’a avancé, et surtout : aucun nouveau transport en commun structurant n’a été réalisé.

Le prolongement de la ligne B jusqu’à Labège ? Annulé avant d’être réintégré à la 3ème ligne de métro elle-même retardée. Vous auriez déjà pu l’inaugurer.

Le projet de téléphérique Téléo ? Abandonné puis repris : il sera enfin inauguré dans le prochain trimestre, mais aurait pu être inauguré dans le précédent mandat.

Le Boulevard Urbain Nord ? Au point mort.

Le prolongement du tramway au-delà de Palais de Justice ? Abandonné.

La troisième ligne de métro ? Promise en 2014 puis 2020 pour 2024-2025, aujourd’hui annoncée en 2028, et demain ? 2030 ? Au-delà ? 

Et à cela s’ajoute le fait que le tramway va être partiellement arrêté pendant 3 ans et en tout état de cause ne desservira plus l’aéroport.

Nous ne sommes pas comme vous, de ceux qui abandonnent ou arrêtent les projets de transport en commun. Nous ne voulons pas arrêter la 3ème ligne de métro. Mais nous ne ferons pas croire aux Toulousains, comme vous, que ce seul projet répondra aux besoins de transports et enjeux climatiques pour notre territoire.

C’est pourquoi nous défendons à court terme la mise en place d’un plan d’urgence de transports : RER toulousain, réseau de bus, politique vélo ambitieuse, marche, voiture en commun (autopartage/covoiturage) …

Alors que la ZFE va être mise en œuvre dès le mois prochain et jusqu’en 2024, à part le Téléo (enfin !), vous ne prévoyez aucun nouveau transport en commun structurant d’ici là !

Pendant ce temps, la population augmente toujours sans que les alternatives à la voiture individuelle ne suivent.

Au-delà de la 3ème ligne dont nous parlons aujourd’hui, nous devons donc travailler un projet mobilités qui soit capable de rendre notre ville plus agréable, plus partagée, qui assure la desserte performante en transports publics sur l’ensemble de la métropole. 

L’enquête publique environnementale sur le projet de 3ème ligne souffre de problèmes profonds que nous soulèverons dans ce conseil : 

  • la sous-estimation des émissions de gaz à effet de serre de la construction (d’un facteur allant de 2 à 3 suivant les hypothèses retenues),
  • la surestimation des déplacements évités (le double  du chiffre présenté par ATMO dans sa dernière étude d’impact du projet TAE et celui annoncé sur le site de Tisséo concernant la 3ème ligne) 
  • la surestimation du facteur d’émission des véhicules
  • l’abattage d’arbres insuffisamment compensé
  • l’absence de mesures pour éviter la pollution de l’eau et de l’environnement par les déblais

Vous ne savez pas dire où vont aller vos 2,6 millions de m3 de déblais pour le moment ?!

Le temps n’est plus de se prononcer pour ou contre la 3ème ligne de métro. C’est par contre le moment de relever l’amateurisme avec lequel vous gérez à nouveau un grand projet. Le même amateurisme qui a conduit à l’annulation du PLUiH et à l’annulation du PDU.

Les nombreux manquements que nous relèverons lors de ce conseil ne peuvent que nous inquiéter sur la manière dont vous avez préparé ce projet et sur la manière dont vous avez pensé cette 3ème ligne de métro par rapport à l’urgence climatique et sanitaire. Et nous ne sommes pas les seuls, si j’en crois l’expression récente de certains financeurs comme le Conseil départemental.

Aujourd’hui, vous devez aux Toulousains la vérité des chiffres. 

Et la responsabilité de l’action pour nos générations actuelles et futures de Toulousaines et Toulousains.

Pour préparer l’avenir. Le rendre vivable, habitable, à Toulouse. 

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Antoine Maurice

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