Actu Toulouse : À vos yeux, quels sont les marqueurs de la politique menée par Jean-Luc Moudenc et son équipe depuis trois ans ?
Antoine Maurice : « Les marqueurs de l’action de Jean-Luc Moudenc depuis 2014 sont la brutalité et l’absence de vision pour notre ville. Derrière la petite musique rassembleuse que Jean-Luc Moudenc et son équipe font raisonner aux oreilles des Toulousains, derrière le concept de « pragmatisme apaisé » sur lequel il communique, se cachent des faits d’une grande brutalité. Ces faits, c’est la hausse des impôts locaux, c’est l’augmentation des tarifs des services publics et la baisse des subventions aux associations. Des choix qui ont un impact fort dans la vie quotidienne des Toulousains. Si encore la majorité actuelle avait été en capacité d’expliquer les raisons de ces choix mais là nous avons vraiment du mal à voir où elle veut en venir. Elle poursuit en effet des projets que nous ne jugeons pas prioritaires, comme le parc des Expositions, ou la Ligne à grande vitesse (LGV) pour laquelle aucun financement n’a été trouvé, et propose des choix à nos yeux inquiétants en terme de mobilités pour Toulouse. La politique qui est actuellement menée pose aussi question sur le plan de l’aménagement de la ville et de la qualité de vie future des Toulousains. Car par ses choix en matière de transport, d’urbanisme et d’environnement, Jean-Luc Moudenc et son équipe nous préparent l’asphyxie de Toulouse ».
Vous parlez de brutalité. Y a-t-il une mesure en particulier qui puisse caractériser ce terme ?
A.M. : « Cette brutalité se caractérise par certaines mesures demandées aux Toulousains, notamment la hausse des impôts locaux, sans amélioration des services publics, bien au contraire puisque la qualité des services proposés baisse, tout comme l’offre. Nous l’avons bien vu avec les piscines qui voient les créneaux ouverts au public diminuer ».
Il y a pourtant un Plan piscines de lancé ce que l’ancienne majorité dont vous faisiez partie n’a pas mis en place entre 2008 et 2014…
A.M. : « Il y a effectivement un Plan piscines, mais les investissements sont prévus après 2020. D’ici la fin du mandat, nous avons du mal à voir ce qui va être fait à ce niveau. C’est un sentiment que l’on ressent d’ailleurs sur de nombreux projets de cette majorité. Doit-on croire toutes les annonces qui sont faites et qui se concrétiseront pour nombre d’entre-elles après 2020 ? Doit-on les croire tout court ? Prenons le cas des mesures prises en matière d’environnement. Jean-Luc Moudenc s’engage à augmenter de 10 % la surface d’espaces verts, mais qu’il nous dise où ? Nous, ce qu’on voit, c’est que le projet de golf à Ginestous va amputer la régie agricole de Toulouse de 20 hectares de ses terres. Ceci est un cas concret. Dans d’autres domaines, certains choses sont réalisées alors qu’elles n’avaient pas été annoncées aux Toulousains. À ce stade de la mi-mandat, on aurait voulu un véritable état des lieux, en toute transparence, de la politique menée actuellement à Toulouse. On aurait notamment voulu que Jean-Luc Moudenc nous explique pourquoi il a demandé un effort de 90 millions d’euros aux Toulousains, quand la baisse des dotations aux collectivités ne s’est chiffrée qu’à 30 millions. Mais ceci, il n’est pas capable de l’expliquer… ».
Sur la mobilité, nous avons proposé un plan alternatif qui pourrait répondre à la croissance des déplacements contrairement au plan présenté actuellement qui paraît moins ambitieux que le précédent et dont le plan de financement pose question.
Comment situez-vous votre action lors du mandat précédent en rapport à la politique menée actuellement ?
A.M. : « Ces dernières semaines, Jean-Luc Moudenc a pris l’habitude de comparer son action à celle de la précédente majorité. Soi disant, nous n’avions rien fait à mi-mandat. Ce que je lui répond, c’est qu’en tant qu’élu à Toulouse depuis 30 ans, il porte la responsabilité du manque d’anticipation de cette ville aux enjeux à venir et notamment à ceux liés à l’écologie. Et par ces choix actuels, il prépare l’asphyxie de la Toulouse de demain alors qu’au contraire, il faudrait d’ores et déjà adapter Toulouse au changement climatique par exemple. Il n’y a globalement aucune vision d’avenir dans ses choix. Prenons l’exemple de la politique locale d’alimentation. Pour développer l’alimentation bio, il faut des leviers. Or, la mairie a choisi d’augmenter la part de produits locaux dans les cuisines centrales, mais en diminuant dans le même temps la part du bio. Cette politique ne prépare pas Toulouse à développer l’agriculture biologique, au contraire de la politique que nous menions précédemment. Sur la politique énergétique, il y a un élément positif avec la poursuite de l’extension du réseau de chaleur, qui permettra à plus de ménages de se chauffer à moindre coût, mais cette mesure ne peut se suffire à elle-même. Il n’y a pas de vision en terme de baisse de la consommation énergétique, pas de grand plan de réhabilitation énergétique de nos bâtiments… Rien n’a par exemple été lancé à ce niveau sur les bâtiments municipaux… Sur la mobilité, nous avons proposé un plan alternatif qui pourrait répondre à la croissance des déplacements contrairement au plan présenté actuellement qui paraît moins ambitieux que le précédent et dont le plan de financement pose question. Enfin, sur le plan de l’urbanisme, c’est l’asphyxie de Toulouse qui est en train de se préparer avec des moyens de transports qui vont courir derrière les constructions ».
En 2014, Jean-Luc Moudenc a fait des propositions précises pour chaque quartier de Toulouse. Trois ans après, est-il selon vous au rendez-vous de ces promesses ?
A.M. : « Il n’est non seulement pas au rendez-vous de ses promesses mais c’est au contraire à nos yeux l’une des plus grandes illusions de ce mandat. Commission de quartier après commissions de quartier, nous assistons au mécontentement des Toulousains, car les promesses ont été remises en question. Les maires de quartiers, sans moyen, se retrouvent aujourd’hui en prise avec ce mécontentement et cette incompréhension des habitants. Jean-Luc Moudenc leur explique en retour que « ce pragmatisme » est la seule voie raisonnable pour Toulouse. Pour nous, c’est une imposture ».
En tant que force d’opposition, comment allez-vous positionner dans les semaines à venir ?
A.M. : « Nous voulons rester constructifs et allons continuer d’être force de proposition, même si nos vœux sont systématiquement rejetés par la majorité actuelle. Nous allons surtout aller auprès des Toulousains, sur les marchés pour faire remonter leurs doléances et nous allons lancer des initiatives avec les autres groupes d’opposition, notamment une plate-forme collaborative, où les Toulousains pourront s’exprimer ».