Interview dans Actu Toulouse du 10 décembre 2024 suite à la désignation du chef de file des Ecologistes à Toulouse
Toulouse. « Je vais prendre du recul », annonce Antoine Maurice, battu dans la course des écologistes
Il avait emmené Archipel Citoyen aux dernières Municipales à Toulouse… Dans un entretien, Antoine Maurice, revient sur sa défaite dans la course interne des écologistes pour 2026.
Après avoir été en première ligne à deux reprises dans la course au Capitole (6,99 % des voix au premier tour en 2014, et surtout 48,02 % au second tour en 2020), Antoine Maurice, ex-tête de liste d’Archipel Citoyen à Toulouse, ne sera pas sur la ligne de départ en 2026. Mi-novembre 2024, lors d’un vote interne au parti, ses camarades lui ont préféré son rival, Régis Godec, pour être chef de file des Écologistes (anciennement EELV). Dans un entretien à Actu Toulouse, le leader du groupe écologiste au Conseil municipal revient sur sa défaite, et évoque son avenir.
Actu : L’issue de ce vote interne pour les Municipales 2026 vous a-t-elle surpris ?
Antoine Maurice : Oui et non. Avec ma candidature, j’avais fait le choix de défendre une posture que je qualifierais de majoritaire, au sens de porter l’écologie pour qu’elle puisse rassembler et gagner en préservant le leadership qu’on avait acquis en 2020.
Mais je sais que dans mon parti, il y a une culture historique que je qualifierai de minoritariste, où on a parfois la tentation de rester soit un parti lanceur d’alerte — qui mène de nécessaires combats face aux projets du monde d’hier qui subsistent —, soit des personnes qui participent à des exécutifs, sans jamais revendiquer ni incarner le leadership.
Moi, je considère que la donne a changé : 2020 a montré qu’à l’échelle municipale, l’écologie est le projet qui peut fédérer, rassembler et gouverner dans de nombreuses grandes villes, même si on n’a pas réussi à le faire à Toulouse.
Vous voulez dire que votre but était d’avoir le leadership, plutôt que de jouer les seconds rôles ?
A.M. : Clairement, je considérais que je pouvais être un atout pour ma famille politique, de par la position que j’ai occupée en 2020, et les acquis d’avoir emmené les écologistes pour la première fois à plus de 48 %, mais aussi d’avoir fédéré la gauche de la France Insoumise au PRG au second tour, sans oublier la dynamique citoyenne.
Considérez-vous que c’était moins le cas de votre concurrent, qui a pourtant été choisi par les adhérents ?
A.M. : Dans cette campagne interne, on avait en commun de défendre l’idée de l’union, mais j’ai peut-être davantage porté celle du leadership. Or, chez les écologistes, on ne croit pas assez en nos capacités collectivement, c’est une des raisons du vote.
Après, il y en a d’autres, sans doute plus personnelles : depuis 2020, j’ai souhaité mettre mon énergie sur l’externe, les réseaux, pour être présent dans la ville, rencontrer celles et ceux qu’on ne voit pas… Et en fin de compte, ces dernières années, je n’ai probablement pas assez soigné la relation avec les adhérents, car cela reste une élection interne.
Je veux prendre le temps d’analyser les causes de la défaite, car il ne peut pas y avoir que des raisons extérieures. Quand on perd, on doit en tirer les leçons et prendre sa part, avec humilité.
Comptez-vous vous mettre en retrait ?
A.M. : J’ai le souci d’aller au terme de mon engagement. J’ai été élu en 2020 et j’entends exercer mon mandat jusqu’au bout.
Aujourd’hui, j’ai le souhait de transmettre à celles et ceux qui veulent être candidats, mais n’ont pas forcément l’expérience. J’ai davantage à apporter au collectif cette logique de transmission qu’un second rôle dans une équipe écologiste.
Vous ne serez donc pas candidat en 2026 ?
A.M. : Je n’ai pas vocation à être candidat sur une place éligible en 2026. J’ai envie de prendre du recul, de me poser et de m’engager autrement. J’ai toujours eu le souci de ne pas vivre de la politique. Si je ne suis collaborateur parlementaire qu’à temps partiel, c’est parce que je tenais à garder une autre activité à côté. Je vais d’ailleurs arrêter dans les prochains mois ma mission pour la députée.
C’est le moment pour moi de chercher à être utile à l’écologie et à Toulouse autrement. L’écologie, c’est l’engagement de ma vie. Et Toulouse, la ville de ma vie, car même si j’ai grandi dans le Gers, c’est elle qui m’a permis d’être pleinement moi-même dans toutes mes identités, notamment en tant qu’homosexuel. J’ai un attachement très fort envers cette ville qui m’a tout donné, et j’ai envie de le lui rendre.
C’était aussi votre troisième candidature…
A.M. : Les adhérents ont eu envie de changement. De fait, j’ai été candidat deux fois et ils n’ont pas considéré que la troisième serait la bonne.
Dans cette campagne, j’ai aussi porté la logique de Marine Tondelier, dont j’ai soutenu la motion au niveau national. Je partage avec elle cet objectif que les écologistes ne soient pas seulement un trait d’union comme certains l’ont fait dire au moment des Législatives, mais un moteur du rassemblement. C’est en cela que je dis qu’on doit avoir confiance en nous : le projet qu’on porte peut rassembler toute la gauche et les citoyens, car il ne faut pas perdre de vue l’importance des mouvements comme le Printemps Toulousain ou Archipel Citoyen, qui sont très utiles…
Vous avez l’air de craindre que Régis Godec puisse être le moteur que vous invoquez… Doutez-vous qu’il veuille réellement être tête de liste ?
A.M. : J’aspire à ce qu’il le soit et je souhaite qu’il porte cette ambition-là. Après, je vous laisserai le soin de lui poser la question, mais j’espère que les écologistes n’ont pas vocation à jouer un rôle de second plan. Nous sommes en capacité de rassembler tout le monde et de nous donner les meilleures chances de victoire pour 2026. Ma conviction, c’est qu’à Toulouse, être unis au premier tour est notre meilleure chance de gagner au second. L’histoire nous l’a montré.
On a pu entendre qu’il serait plus socialo-compatible que vous. A-t-il plus d’accointances avec le PS, ou reste-t-il des tensions avec les socialistes après les dissensions entre Carole Delga et vous suite aux Régionales ?
A.M. : Le sujet, ce n’est pas d’être plus socialo-compatible ou LFI-compatible. Moi, je refuse de choisir un camp sur l’autre. L’enjeu, c’est de choisir le bon projet : revenons-en au fond plutôt que de parler de tambouille !
Après la poussée verte des Municipales 2020, les écologistes comme les socialistes gèrent beaucoup de grandes villes en France. Craignez-vous qu’ils risquent de devoir en laisser quelques-unes à LFI au gré de potentiels accords ?
A.M. : Les élections locales ne peuvent pas répondre à une organisation nationale de répartition, comme pour des circonscriptions législatives. La question n’est pas de se partager un gâteau des villes, mais de se poser la question, ville par ville, de qui est le plus à même de rassembler. À Toulouse, les dernières Municipales ont montré que c’est l’écologie qui est en capacité de rassembler plus que tout autre projet de gauche.
Est-ce qu’on veut vraiment gagner, ou pas ? Face à un maire qui applique une politique de droite et qui a plus que jamais la tentation d’épouser les mots et les méthodes de l’extrême droite, l’enjeu, c’est de battre Moudenc. Je ne voudrais pas que certains parient sur l’élection suivante, ou s’en servent pour un autre scrutin que les élections municipales.
Pour terminer, est-ce la fin de votre carrière politique ?
A.M. : Non ! Aujourd’hui, j’aspire à me ressourcer et à faire vivre mon engagement d’une autre manière, mais je suis et reste animé par l’écologie et par mon amour pour Toulouse.